En préalable de notre Assemblée Générale du 25 juin 2022, l’archéologue Bruno Dufaÿ, nouvellement arrivé sur Saintes et administrateur de la SahCM depuis 1 an, nous a présenté une conférence sur l’évolution de la ville, des Gaulois jusqu’au chemin de fer, en se basant sur son expérience.
D’un bourg gaulois développé sur les routes du commerce du sel, la ville romaine s’est rapidement développée avec son quadrillage et de nombreux axes routiers en étoile, avant de décliner tout aussi rapidement dès le IIe siècle de notre ère. La ville se déplace ensuite au pied du promontoire et s’entoure d’un rempart dans laquelle elle restera confinée tout le moyen-âge. Il faudra attendre les XVIIIe et XIXe siècles pour s’ouvrir à nouveau avec de nouveaux axes (Reverseaux, Lemercier, cours National et av Gambetta) et se développer sur la rive gauche grâce à l’arrivée du chemin de fer.
Une méthode de travail
Avec son œil neuf, Bruno Dufaÿ applique des méthodes qu’il a expérimenté sur d’autres territoires. Il s’est basé sur les connaissances existantes : Carte archéologique de Louis Maurin, Programmes collectifs de recherches Saintes No Limit de l’archéologue Jean-Philippe Baigl et sur Saint-Eutrope dirigé par Christian Gensbeitel, recherches sur le moyen-âge d’Alain Michaud, etc. Il a fait une analyse spatiale avec les cadastres anciens et étudié les rémanences viaires pour proposer une synthèse de cette évolution lors de sa conférence. Cette étude pourra servir de base à un travail collectif plus détaillé qu’il mènera au sein de la Société d’archéologie saintaise.
L’évolution du fleuve
L’hypothèse la plus surprenante, c’est le cours originel du fleuve Charente. Il soupçonne l’existence d’un paléochenal de la Charente plus à l’est, et pense que c’est en réalité la Seugne qui passe devant Saintes, l’arc romain se trouvant entre les deux cours d’eau. La confluence d’origine des deux cours d’eau serait située du côté de Courbiac, au nord de la ville et non à Saint-Sorlin comme aujourd’hui. Les nombreux canaux dans la pleine de la Palu auraient servi à drainer le fleuve au moyen-âge, pour décaler le fleuve dans un seul cours, en asséchant l’ancien lit, peut-être pour améliorer la navigation.
L’archéologue souhaite que cette synthèse sur l’évolution de la ville, présentée au public lors de l’AG, serve de base à un travail collectif plus détaillé.
Texte et Photo : Romain Charrier.