Archives 2020

Premier aqueduc : traversée de la Charente.

Proposition de restitution par Jean-Louis Hillairet du pont siphon et du siphon passant au fond du lit de la Charente pour le premier aqueduc. 

 » Nos observations à la « Grève », nous permettent de préciser d’une part, que le point d’arrivée à Saintes du deuxième aqueduc est plus haut d’environ 60 cm ( à découvrir) , par rapport au dernier point connu du premier. De cette constatation , nous pouvons penser que le castellum aquae de fuite du second aqueduc est lui aussi plus haut par rapport à celui du premier, afin de pouvoir distribuer l’eau à une plus grande partie de la ville.

Au vu de l’emplacement du point d’arrivée du second aqueduc , de la hauteur de départ plus haute, et du poids ( 4 fois plus élevée), nous pensons qu’il a été nécessaire à cet endroit de réaliser un nouvel ensemble de pont aqueduc avec un nouveau réservoir de chasse ( plus haut) , un pont siphon, et une nouvelle tour de changement de direction, puis un nouveau siphon traversant également la Charente avec un nouveau réservoir de fuite.

Pour appuyer cette dernière hypothèse , il se trouve que la plate forme de l’aqueduc, reconnue dans les années 1950, ne se trouve pas dans le prolongement du pont fouillé récemment, mais plus éloignée d’une dizaine de mètres vers l’est.

De ce fait, l’expertise archéologique est passée au travers de ce tracé. sans doute que la tranchée réalisée a été faite à l’emplacement d’une arcade ».

 » Faisant suite à mon hypothèse, la carte de Saintes ( ci-dessous) , avec le parcours des aqueducs , l’emplacement des fouilles et observations réalisées , afin de mettre en évidence l’existence obligatoire d’un autre pont siphon pour le deuxième aqueduc « .

Île d’Oléron : y a-t-il un château sous la citadelle?

Un programme de recherches destiné à définir les conditions d’implantation de la citadelle moderne du château d’Oléron en Charente-Maritime, a été initié l’an dernier. les premières fouilles se sont déroulées en ce début d’automne 2020 et permettent déjà d’apporter de très nombreuses réponse.

Bâtie à partir de 1630 à la demande du cardinal de Richelieu par l’ingénieur d’Argencourt pour protéger les côtes charentaises , la citadelle de l’île d’Oléron a été plusieurs fois agrandie et remaniée aux XVIIe et XVIIIe siècles – notamment par Vauban en 1690. Erigée en lieu et place du château fort, connu par les sources dès le XIe siècle , elle voit sa surface originelle de 6,5 ha doubler en quelques décennies. En 2019 les premières investigations menées en parallèles d’une étude documentaire complète, ont consisté  en des prospections géophysiques ( Géocarta) qui  ont révélé plusieurs anomalies, correspondant entre autres à des casernements du XVIIe siècle ou à d’énormes trous de bombes liés au bombardement allié du 17 avril 1945. les fouilles devaient, quant à elles, permettre de mieux comprendre à quels types d’aménagement et à quelles périodes pouvaient se rapporter les anomalies restantes. La campagne 2020 s’est ainsi attachée à l’étude du sol de l’ouvrage à cornes construit sur ordre de Vauban et ovlitérant une parie de bourg médiéval, ainsi qu’à celle de la demi-lune royale , bastion défendant le pont et la porte royale datant des premières années de la citadelle.

Article de Bastien Gissenger, archéologue départemental de Charente-Maritime, UMR 7302 dans Archéologia de décembre 2020.

Photo : Dominique Abit

DÉCEMBRE – Lampe à huile

« En ce mois de décembre où partout les cadeaux circulent : manuscrits, tapis, cierges, pruneaux de Damas arrangés en jarres à facettes… », c’est ainsi que le poète Martial décrit l’ambiance des Saturnales, la grande fête de fin d’année qui se déroulait sur plusieurs jours et qui voyait l’ordre conventionnel suspendu dans la Rome antique. Parmi les présents offerts à cette occasion, l’auteur latin d’origine espagnole mentionne ici les bougies de cire mais parle ailleurs d’un autre type d’éclairage qu’on a retrouvé lors des fouilles archéologiques menées à Saintes.

Connu pour ses poèmes piquants et parfois franchement obscènes, Martial a écrit, entre autre, deux livres entièrement composés de phrases en deux vers, censées accompagner les présents qui se donnaient au moment des Saturnales. Deux lignes destinées à l’étiquettes d’une lampe de chambre à coucher, peuvent être traduites ainsi :

Lampe à huile à décor de coq, découverte rue du général Sarrail à Saintes © Conservation des Musées

« Près de ton lit, la nuit, je veille et te vois bien,

Mais fais ce que tu veux, je n’en dirai rien »

Il parle bien-sûr d’une lampe à huile, en céramique ou en bronze

D’un usage courant durant l’antiquité, ces lampes illuminaient toutes les maisons à l’époque romaine dans le bassin méditerranéen. Principal moyen d’éclairage, l’huile d’olive contenue dans le réservoir alimentait une mèche imbibée qu’on enflammait pour donner une lumière douce. En Gaule, sur la façade Atlantique, cette huile était importée et l’huile de noix ou la cire d’abeilles restaient chères, on utilisait donc aussi couramment des lampes à graisse animale solide pour s’éclairer. Pour autant, celles en terre cuite de tradition romaine ont été adoptées très tôt par les Santons.

Fragment signé de lampe à huile découverte dans le cimetière Saint-Vivien à Saintes

On sait qu’ils ont pratiqué ce type d’éclairage dès la fin de la période républicaine puisqu’on en a retrouvé des restes brisés dans des fosses dépotoirs datées de -30/-20 sous l’actuelle école Émile Combe. La anse à l’arrière est encore à cette date un ruban d’argile collé en forme de boucle pour y passer l’index mais rapidement cet appendice va soit disparaître, soit être moulé dans la masse.

Lampe à huile à deux becs, découverte aux « petites sœurs des pauvres » à Saintes

Avec la montée en puissance de la ville et l’enrichissement de ses habitants au premier siècle de notre ère, de très beaux luminaires sont commercialisés à Mediolanum. Pour preuve, dans le quartier des artisans de la rue Daubonneau fouillé en 2001 par l’équipe de Karine Robin, une belle lampe ornée d’un taureau chargeant à été mise au jour. Elle s’apparente à celle retrouvée dans un puits, rue du général Sarrail, décorée d’un coq. Ces exemplaires façonnés en série avec des moules en deux parties ne semblent pas avoir été fait sur place, comme l’atteste le fragment de lampe provenant du cimetière Saint-Vivien portant la marque du potier EUCARPUS. Si les grands ateliers gaulois en ont conçus en grande quantité, jusqu’à présent nous n’avons pas de témoignage d’une production Médiolanaise.

Ce même siècle a vu la diffusion d’un modèle moins courant muni de deux becs afin d’accueillir deux mèches. On a la chance d’avoir retrouvé un de ces spécimens de dimension remarquable au moment des fouilles sur le terrain des « petites sœurs de pauvres ». Lorsqu’elle fonctionnait, la double flamme devait briller intensément dans l’obscurité d’autant qu’à l’arrière, sa large anse triangulaire rappelle que sur les lampes en bronze poli, cette partie servait de réflecteur pour diffuser une lumière encore plus vive.

Ces lampes en céramique, exhumées du sol aquitain auraient pu être offertes lors des Saturnales, surtout que l’offrande de lumière faisait partie des rites dans ces moments festifs*. Mais à quel point ces réjouissances qui marquent le retour de la clarté après le solstice d’hiver étaient célébrées à Mediolanum ? Cette tradition romaine était peut-être perçue comme une fête importée, tout comme aujourd’hui Halloween, antique fête celtique de Samonios, qui a su s’imposer de nouveau dans notre culture.

Cédric Grené

* Cf Macrobe, Les Saturnales – A la fin des Saturnales la fête des Sigillaires était l’occasion de s’offrir des figurines et objets en terre cuite destinées à Saturne. Le dieu qui a donné son nom à ces réjouissances, recevait aussi des offrandes de lumière sous forme de bougies, torches ou lampes à huile.

Bibliographie :

MARTIAL, Epigramme, traduction et présentation de J. Malaplate, Gallimard, Saint-Amand, 2005

Livre V. 18. A Quintilien – Livre XIV. 23. Lampe de la chambre à coucher

L. MAURIN, K. ROBIN, L. TRANOY, Saintes 17/2, coll. Carte Archéologique de la Gaule (dir. M. Provost), Gap, Académie des inscriptions et belles lettres, 2007, 439 p.

Illustration en entête : Lampe en bronze Grand Tour type museum de Cambrigde

Saintes, de la cave au puits-nouvelles données sur un quartier de Mediolanum Santonum.

Une équipe d’archéologues de L’inrap mène actuellement une fouille en périphérie septentrionale de la ville antique de Saintes, une occasion de replonger dans l’histoire de Mediolanum Santonum, capitale provinciale dès le 1er siècle de notre ère, dont le patrimoine est déjà classé monument historique.

Découverte exceptionnelle d’une cave antique pour Saintes

Le mobilier abondant recueilli dans les nombreuses fosses dépotoirs présentes dans l’emprise de la fouille ainsi que le comblement d’une cave, permet de dater l’abandon du site entre 120 et 150 de notre ère. De grandes dimensions( 2,50 sur 3,50 m) et conservée sur 2,20m de profondeur) , elle possède encore ses marches d’accès et sa porte ( jambage et crapaudines). Contrairement à d’autres villes, Saintes n’avait pas encore fourni de cave!

La fouille du puits

Plus d’une centaine de puits romains ont été identifiés à Saintes depuis le XIXe Siècle. Le puits était la source d’alimentation en eau privilégiée pour la consommation quotidienne à l’époque romaine à Saintes. L’eau est sacrée, vitale pour la vie de l’homme.

La profondeur des puits dépend du contexte géologique notamment du niveau des nappes phréatiques. Ainsi pour le même secteur les profondeurs varient entre 15 et 40 m, celle de la rue Ambroise Daubonneau est de 18m.

Les rejets faits dans les puits lors de leur abandon, sont révélateurs du type d’occupation et d’activité de leur environnement. D’où le grand intérêt de fouiller ces structures en plus de l’exceptionnel état de conservation des vestiges organiques, préservés par la présence de l’eau. Rue Ambroise Daubonneau ont été découverts des végétaux tassés, des fragments de noisettes, de noix, des pommes de pin entières, du cuir et même des feuilles encore vertes…!

Ces vestiges sont rares et leur excellent état de conservation va permettre aux archéologues de pousser les analyses sur les parasites, les insectes, les graines, les pollens, les plantes utilisées (pour les teintures, par exemples) et permettre de dire quelles activités ( élevage, tissage..) se déroulaient autour de ce puits.

Fusaïoles trouvées dans le puits

Les responsables scientifiques :

Jean-Philippe Baigl , Archéologue INRAP ( auteur des photos)

Christophe Tardy -CISAP-INRAP

Le CISAP est la cellule d’intervention sur les structures archéologiques profondes de l’Inrap, constituée d’archéologues spécialement formés à la fouille des structures profondes, elle intervient sur l’ensemble du territoire national en complément des opérations de terrain en cours de fouille.

Mise en valeur de l’aqueduc gallo-romain de Saintes: fin des travaux de la partie haute « source de la Grand-Font.

Spectaculaires travaux à la Grand-Font ( Le Douhet) dans le cadre de la mise en valeur de l’aqueduc Gallo-Romain de Saintes.

Jean-Louis Hillairet, archéologue responsable des fouilles de l’aqueduc se félicite que les travaux de restauration du site de la source de la Grand-Font : « respectent le site antique suivant nos observations faites lors des fouilles » 

Le chantier devrait se terminer avant Noël .

Mission accomplie , ci-dessous les photos de la partie haute de la Grand-Font  après les travaux.

Photos: JL.Hillairet

NOVEMBRE – Antéfixe

Antéfixe de l'atelier de La Palu

On a tous en mémoire un petit village gaulois aux toits de chaume protégeant ses habitants des pluies hivernales. En réalité, ce mode de couverture dominait aussi dans les grandes agglomérations lorsque tout la Gaule fut occupée en 50 av. J.C. Mais progressivement, l’usage romain de la tuile s’est imposé et avec lui, un nouveau décor est apparu sur le rebord des toits : l’antéfixe.

Bien qu’il fasse penser a un nom gaulois de bande dessinée, cet ornement est d’origine grecque, comme la tradition des tuiles plates et rondes qui finirent par coiffer presque toutes les constructions d’époque romaine. Évidement, cela ne s’est pas fait en un jour. À Mediolanum par exemple, après l’édification de bâtiments officiels, on a dû attendre la reconstruction des maisons traditionnelles et la création de nouveaux quartiers pour compléter le plan romain en damier de ses rues. Une longue métamorphose qui a vu la ville se couvrir progressivement d’une teinte rouge-rosée.

Aquarelle de Mediolanum au Ier siècle par Jean-Claude Golvin
Aquarelle de Mediolanum au Ier siècle par Jean-Claude Golvin

Au-delà des décorations qui pouvaient couronner les toitures des édifices de prestige*, le bord de certains toits étaient crénelés d’antéfixes pour cacher la jointure de deux tuiles plates (tegulae) sous les tuiles rondes (imbrices). L’ornement terminait donc une rangée d’imbrices pour être visible de la rue. On en a retrouvé une douzaine à travers la ville comme sous l’actuelle gare routière ou rue de Tibère. Tous moulés sur le même modèle, ils présentent une tête humaine ou de lion schématiques sur une palmette où apparaît en relief, la marque « FRONT O » ou « FRONT FEC », abréviation de « Fronton » ou « Frontinus l’a fait » .

En 1993, au 37-39 rue du bois d’Amour, sur la rive gauche de la Charente, un atelier de potier est fouillé. Aux abords d’un four, on a la surprise de découvrir des fragments d’antéfixes à tête humaine d’un modèle identique mais sans signature, sans doute exécutés sur place.

Photo extraite de Saintes Antique de Louis Maurin

Quelques années plus tôt en 1986, Guy Vienne, ancien membre de la Société d’archéologique de Saintes, avait découvert un autre atelier lors de la fouille de sauvetage précédant le creusement du canal de dérivation de la Charente à la Palu. Cette fois, avec son équipe, il mit au jour un grand complexe dont il estima l’activité entre les années 30 et 160 de notre ère. Révélant le lieu de fabrication de tuiles, de vaisselles et de divers objets comme l’oscillum en terre cuite de « la toilette de Vénus ». Il identifia surtout trois antéfixes, identiques aux deux types retrouvés par le passé : tête d’homme et mufle de lion. Cette fois, les céramiques étaient signées.

Alors, sans être sûr d’avoir découvert l’atelier du célèbre Fronton ou Frontinus, au nom imprimé sur les constructions les plus soignées de Mediolanum, on est à peu près certains d’avoir retrouvé le lieu d’où sortaient des antéfixes glanés dans toute la ville depuis plus d’un siècle.

Cédric Grené, guide conférencier, master d’histoire de l’art

 

* article d’A. Bouet, « L’épi de faîtage, un élément de terre cuite méconnu : à propos de deux exemples en Dordogne » in Aquitania XXI, 2005, pp. 285-298

Bibliographie :

L. Maurin, Saintes Antique, des origines à la fin du VIème siécle, Saintes, 1978 (publ. de la Société d’Archéologie et d’Histoire de Charente-Maritime), p. 229

L. Maurin, K. Robin, L. Tranoy, Saintes 17/2, coll. Carte Archéologique de la Gaule (dir. M. Provost), Gap, Académie des inscriptions et belles lettres, 2007, 439 p.

Illustration en entête : antéfixe de l’atelier de La Palu

Illustration 2 : Aquarelle de Mediolanum au Ier siècle par Jean-Claude Golvin

Illustration 3 : Extraite de Saintes Antique de Louis Maurin

la Société d’ Archéologie et d’Histoire de la Charente-Maritime a un nouveau Président

Jean-Louis Monget , élu mercredi 21 octobre par le conseil d’administration de la SahCM, succède ainsi à Michelle le Brozec , Présidente de l’association pendant dix ans.

Avec Jean-Louis Monget la Société poursuivra les actions déjà engagées et notamment avec les associations partenaires de l’OPS le projet d’un grand musée Archéologique à Saintes.

OPS : Observatoire du Patrimoine de Saintonge , dont la SahCM est l’initiatrice avec Médiactions, et les Amis des Musées de Saintes ( statuts dans la rubrique l’Association du site).

Cliché : Sud-Ouest

OCTOBRE – Corne d’abondance

C’est le moment du labour et des semailles dans les campagnes, plus tard viendra la récolte. Ce produit de la terre et d’autres bienfaits débordent de la corne d’abondance, un symbole toujours tenu par des femmes sur les représentations divines retrouvées à Saintes et ses environs.

Si Cérès la romaine ou Déméter la grecque, déesses de l’agriculture et de la fertilité, sont parfois représentées assises sur un trône, une corne d’abondance tenue contre elles, à Thénac c’est la déesse Cybèle qu’on a retrouvée ainsi. Aux abords du théâtre situé à 6 km au sud de l’antique Mediolanum, on a découvert une pierre semi-précieuse gravée en creux* de la « Grande Mère » trônant la corne à la main. Maîtresse de la nature sauvage et fertile, elle était accompagnée de ses deux lions qui rappellent ses origines orientales.

Suivant une légende, cette corne mythique viendrait du Mont Ida en Crète où le roi des dieux Jupiter fut allaité. C’est la corne de la chèvre Amalthée, sa nourrice, qui s’est brisée pour devenir une source inépuisable de délices.

Sur un morceau de sculpture découvert au cimetière Saint-Vivien à Saintes, de beaux fruits en jaillissent avec un épi de blé ruisselant. La main d’une déesse baguée semble en retenir le flux alors que celle d’un petit enfant la tient encore à sa base.

Il faut se rappeler que dans la ville, les statues des dieux ont été trouvées décapitées, souvent jetées au fond des puits antiques. Parmi les divinités possédant la fameuse corne, Louis Maurin, président honoraire de la Société d’Archéologie, y décèle des déesses-mères. En particulier dans ces groupes de femmes en calcaire, assises par deux côte-à-côte sur des sièges, dont une dizaine sont sorties de terre depuis le XIXe siècle.

Habillées d’une longue tunique plissée, avec parfois un châle passé sur l’épaule et descendant sur les genoux, elles dévoilent de temps à autres une coupe à offrandes, des fruits, peut-être des gâteaux ou du pain..

Bien que ces couples de déesses paraissent très romaines par leurs vêtements et leurs attributs, elles sont pourtant bien santones, tel l’étrange dieu-masque, la tête hérissée de phallus qui les accompagne à l’occasion, comme symbole évident de fertilité.

Ce sont des « Matres » ou « Matronae », venant du monde celte et que l’on retrouve aussi en Italie du Nord, en Angleterre et même en Allemagne où un groupe de trois déesses-mères assises étaient vénérées. Certainement protectrices d’une tribu, d’un lieu ou d’une source sacrée, leur mythe et leur nom nous échappent presque toujours mais les nourritures terrestres qu’elles présentent, ainsi que les enfants qui les accompagnent ou qu’elles allaitent, en font des figures de la fécondité, maternelles et bienveillantes.

Elles apportent la prospérité comme la corne d’abondance, expression de leur nature généreuse.

 

Cédric Grené, guide conférencier, master d’histoire de l’art

 

 

* Intaille en cornaline à l’origine monté sur une bague pour servir de sceau, découverte « près du village des Arènes » dans les années 1940

Bibliographie :

L. Maurin, K. Robin, L. Tranoy, Saintes 17/2, coll. Carte Archéologique de la Gaule (dir. M. Provost), Gap, Académie des inscriptions et belles lettres, 2007, 439 p.

L. Maurin, M. Thauré, Saintes à la recherche de ses dieux, publication du Musée archéologique de Saintes, édité par la Société d’archéologie et d’histoire de la Charente Maritime, 1984, 38p.

M. TH. Raepsaert-Charlier, Culte et territoires, Mères et Matrones, dieux « celtiques » : quelques aspects de la religion dans les provinces romaines de Gaule et de Germanie à la lumière de travaux récents, Antiquité classique, 84, 2015, 226 p.

Photo en entête : Intaille de Thénac représentant la déesse Cybèle portant une corne d’abondance sur sa droite

Photo 2 : Corne d’abondance avec main de divinité posée sur les fruits, découverte au cimetière Saint-Vivien à Saintes (1843)

Photo 3 : Groupe de deux déesses-mères retrouvé au cimetière Saint-Vivien (1892), celle de droite tient une patère et une corne d’abondance (INV.49.440)