Tous les articles par Le comité de rédaction

Alain Surmely nous a quittés…

Alain Surmely nous a quittés emporté par la Covid19 .

Il a été pendant plusieurs décennies un « pilier » de notre société d’Archéologie. 

Toujours disponible , il a occupé les fonctions administratives, accueil du public, permanences , rédactions des articles relatifs à  la vie de l’association .Passionné, il a rendu de précieux services à notre association.

 Humain et bienveillant, fidèle en amitié, homme de conviction , son absence laisse un grand vide.

Alain, lors des fouilles de l’aqueduc gallo-romain , ici dans un tunnel de construction  (puits Norbert).

Photo de JL Hillairet 

Aqueducs de Saintes : reportage de France 3

« En immersion dans l’aqueduc de Saintes , l’un des plus ancien de France »

Le reportage du 5 mars 2021 de France 3 a porté sur les travaux de numérisation 3D de l’aqueduc par des étudiants en topographie et des bénévoles de la Société d’archéologie et d’histoire de la Charente-Maritime.

Témoignage de Vincent Miailhe , archéologue -topographe , membre de la SahCM :

 » Vous avez une alternance de constructions maçonnées , il s’agit d’une voûte en berceau, directement taillée dans la roche. La voûte est en très bon état, vous avez un mortier qui n’a pas bougé , aucune pierre ne tombe, c’est un tunnel qui a plus de 2000 ans. Les techniques romaines de construction ont toujours été exceptionnelles et ce sont des romains qui l’ont construit. »

En stage avec la SahCM…

La Société d’archéologie et d’histoire de la Charente-Maritime et le lycée de Sillac à Angoulême, classe BTS de deuxième année- métiers du géomètre Topographe et de la Modélisation Numérique ( MGTMN), se sont associés, en partenariat avec la Communauté d’Agglomération de Saintes, la ville de Saintes, la DRAC et le SRA de Poitiers , en un projet professionnel de fournir un modèle numérique 3D et des documents topographiques  ( plan topographique, plans et coupes du tunnel) des parties accessibles du tunnel de l’aqueduc d’une longueur de 100 mètres et de la partie supérieure. Ce tunnel romain est le plus ancien connu, à ce jour, de toute la Gaule.

En maîtrise d’ouvrage, la SahCM accompagne les 3 étudiants et le professeur, toute cette semaine, à la section Plantis des 9 puits, située au trou n°3 du golf de Saintes et sur le terrain d’un particulier passionné M. TORREGROSSA Christian.

Les référents :

Jean-Louis Monget – Président de la SahCM 

Vincent Miailhe – Archéologue topographe

Salomon Laurent- professeur au lycée de Sillac

jean-louis Hillairet- Ingénieur-archéologue 

Fouilles de l’école Emile Combes en 1987 , parution de l’étude.

Revue archéologique de l’Ouest ( RAO)-n°36- 2019/2020

Presse Universitaires e Rennes : disponible auprès de l’éditeur-Prix 30€

Au sommaire 

-José Gomez de Soto, Christian Vernou, Jean-Louis Hillairet ( avec la collaboration d’Isabelle Kerouanton). La céramique d’une fosse du Bronze final IIIa du site de l’école Emile Combes à Saintes ( Charente-Maritime).

Communiqué de Jean-Louis Hillairet à propos de cette parution.

 » Cette étude est très importante pour la ville de Saintes car pour moi elle démontre que dès l’âge de Bronze Xe siècle avant J.-C , il y avait une occupation assez dense du plateau.

Il nous manque beaucoup de données sur la continuité d’occupation, mais dans le niveau supérieur de  cette fosse , il y avait de la céramique de l’âge de fer. Les différentes nécropoles protohistoriques autour de la ville ainsi que la céramique attique du Ve siècle avant J.-C recueillie à l’emplacement de l’ancienne maternité démontre une occupation continue jusqu’à l’arrivée des Romains.

Je pense que le jour où l’on pourra fouiller entre l’ancienne banque de France et la station Total, nous pourrions avoir les traces de cette continuité d’occupation. »

Vers la protection de la colonne de la Liberté.

La colonne de la Liberté, située place Blair à Saintes est propriété de la commune.

Lors de la réunion du Conseil Municipal du lundi 21 décembre , il a été délibéré de la proposition de protection de cet édifice.

 » Considérant l’avis favorable en date du 12 octobre 2020 de la délégation permanente de la Commission régionale du Patrimoine et de l’Architecture , instance habilitée à émettre un avis sur l’instruction des dossiers en vue de leur protection au titre des monuments historiques  » 

« Considérant que dans le cadre de la procédure de protection , le consentement du propriétaire est une étape nécessaire au traitement du dossier »

Le conseil municipal, après avoir délibéré a adopté cette proposition à l’unanimité.

« Un peu d’histoire »…

La place Blair située dans le faubourg Berthonnière à Saintes fut le lieu de l’érection d’une « colonne de la Liberté » durant la période révolutionnaire. Elle est l’oeuvre de l’ingénieur « Novion », inaugurée le 14 juillet 1791 par le député Louis-Napoléon Lemercier. A son emplacement avait été enfouie une bouteille contenant la  » Déclaration des Droits de l’homme » et une « Ode à la Liberté » le 8 juillet 1791. Les pierres de son socle proviennent d’un édifice gallo-romain de la ville.

Aujourd’hui la colonne est abandonnée depuis longtemps au milieu de la place devenue un parking , environnée d’un flot de véhicules.

Dédiée à la Liberté , elle en a perdu le symbole qu’elle en a porté à ses début : un bonnet Phrygien , remplacé en 1830 par un drapeau républicain , lui-même disparu. Aucune indication ( plaque commémorative) n’explique sa présence et les circonstances historiques de son érection.

Premier aqueduc : traversée de la Charente.

Proposition de restitution par Jean-Louis Hillairet du pont siphon et du siphon passant au fond du lit de la Charente pour le premier aqueduc. 

 » Nos observations à la « Grève », nous permettent de préciser d’une part, que le point d’arrivée à Saintes du deuxième aqueduc est plus haut d’environ 60 cm ( à découvrir) , par rapport au dernier point connu du premier. De cette constatation , nous pouvons penser que le castellum aquae de fuite du second aqueduc est lui aussi plus haut par rapport à celui du premier, afin de pouvoir distribuer l’eau à une plus grande partie de la ville.

Au vu de l’emplacement du point d’arrivée du second aqueduc , de la hauteur de départ plus haute, et du poids ( 4 fois plus élevée), nous pensons qu’il a été nécessaire à cet endroit de réaliser un nouvel ensemble de pont aqueduc avec un nouveau réservoir de chasse ( plus haut) , un pont siphon, et une nouvelle tour de changement de direction, puis un nouveau siphon traversant également la Charente avec un nouveau réservoir de fuite.

Pour appuyer cette dernière hypothèse , il se trouve que la plate forme de l’aqueduc, reconnue dans les années 1950, ne se trouve pas dans le prolongement du pont fouillé récemment, mais plus éloignée d’une dizaine de mètres vers l’est.

De ce fait, l’expertise archéologique est passée au travers de ce tracé. sans doute que la tranchée réalisée a été faite à l’emplacement d’une arcade ».

 » Faisant suite à mon hypothèse, la carte de Saintes ( ci-dessous) , avec le parcours des aqueducs , l’emplacement des fouilles et observations réalisées , afin de mettre en évidence l’existence obligatoire d’un autre pont siphon pour le deuxième aqueduc « .

Île d’Oléron : y a-t-il un château sous la citadelle?

Un programme de recherches destiné à définir les conditions d’implantation de la citadelle moderne du château d’Oléron en Charente-Maritime, a été initié l’an dernier. les premières fouilles se sont déroulées en ce début d’automne 2020 et permettent déjà d’apporter de très nombreuses réponse.

Bâtie à partir de 1630 à la demande du cardinal de Richelieu par l’ingénieur d’Argencourt pour protéger les côtes charentaises , la citadelle de l’île d’Oléron a été plusieurs fois agrandie et remaniée aux XVIIe et XVIIIe siècles – notamment par Vauban en 1690. Erigée en lieu et place du château fort, connu par les sources dès le XIe siècle , elle voit sa surface originelle de 6,5 ha doubler en quelques décennies. En 2019 les premières investigations menées en parallèles d’une étude documentaire complète, ont consisté  en des prospections géophysiques ( Géocarta) qui  ont révélé plusieurs anomalies, correspondant entre autres à des casernements du XVIIe siècle ou à d’énormes trous de bombes liés au bombardement allié du 17 avril 1945. les fouilles devaient, quant à elles, permettre de mieux comprendre à quels types d’aménagement et à quelles périodes pouvaient se rapporter les anomalies restantes. La campagne 2020 s’est ainsi attachée à l’étude du sol de l’ouvrage à cornes construit sur ordre de Vauban et ovlitérant une parie de bourg médiéval, ainsi qu’à celle de la demi-lune royale , bastion défendant le pont et la porte royale datant des premières années de la citadelle.

Article de Bastien Gissenger, archéologue départemental de Charente-Maritime, UMR 7302 dans Archéologia de décembre 2020.

Photo : Dominique Abit

DÉCEMBRE – Lampe à huile

« En ce mois de décembre où partout les cadeaux circulent : manuscrits, tapis, cierges, pruneaux de Damas arrangés en jarres à facettes… », c’est ainsi que le poète Martial décrit l’ambiance des Saturnales, la grande fête de fin d’année qui se déroulait sur plusieurs jours et qui voyait l’ordre conventionnel suspendu dans la Rome antique. Parmi les présents offerts à cette occasion, l’auteur latin d’origine espagnole mentionne ici les bougies de cire mais parle ailleurs d’un autre type d’éclairage qu’on a retrouvé lors des fouilles archéologiques menées à Saintes.

Connu pour ses poèmes piquants et parfois franchement obscènes, Martial a écrit, entre autre, deux livres entièrement composés de phrases en deux vers, censées accompagner les présents qui se donnaient au moment des Saturnales. Deux lignes destinées à l’étiquettes d’une lampe de chambre à coucher, peuvent être traduites ainsi :

Lampe à huile à décor de coq, découverte rue du général Sarrail à Saintes © Conservation des Musées

« Près de ton lit, la nuit, je veille et te vois bien,

Mais fais ce que tu veux, je n’en dirai rien »

Il parle bien-sûr d’une lampe à huile, en céramique ou en bronze

D’un usage courant durant l’antiquité, ces lampes illuminaient toutes les maisons à l’époque romaine dans le bassin méditerranéen. Principal moyen d’éclairage, l’huile d’olive contenue dans le réservoir alimentait une mèche imbibée qu’on enflammait pour donner une lumière douce. En Gaule, sur la façade Atlantique, cette huile était importée et l’huile de noix ou la cire d’abeilles restaient chères, on utilisait donc aussi couramment des lampes à graisse animale solide pour s’éclairer. Pour autant, celles en terre cuite de tradition romaine ont été adoptées très tôt par les Santons.

Fragment signé de lampe à huile découverte dans le cimetière Saint-Vivien à Saintes

On sait qu’ils ont pratiqué ce type d’éclairage dès la fin de la période républicaine puisqu’on en a retrouvé des restes brisés dans des fosses dépotoirs datées de -30/-20 sous l’actuelle école Émile Combe. La anse à l’arrière est encore à cette date un ruban d’argile collé en forme de boucle pour y passer l’index mais rapidement cet appendice va soit disparaître, soit être moulé dans la masse.

Lampe à huile à deux becs, découverte aux « petites sœurs des pauvres » à Saintes

Avec la montée en puissance de la ville et l’enrichissement de ses habitants au premier siècle de notre ère, de très beaux luminaires sont commercialisés à Mediolanum. Pour preuve, dans le quartier des artisans de la rue Daubonneau fouillé en 2001 par l’équipe de Karine Robin, une belle lampe ornée d’un taureau chargeant à été mise au jour. Elle s’apparente à celle retrouvée dans un puits, rue du général Sarrail, décorée d’un coq. Ces exemplaires façonnés en série avec des moules en deux parties ne semblent pas avoir été fait sur place, comme l’atteste le fragment de lampe provenant du cimetière Saint-Vivien portant la marque du potier EUCARPUS. Si les grands ateliers gaulois en ont conçus en grande quantité, jusqu’à présent nous n’avons pas de témoignage d’une production Médiolanaise.

Ce même siècle a vu la diffusion d’un modèle moins courant muni de deux becs afin d’accueillir deux mèches. On a la chance d’avoir retrouvé un de ces spécimens de dimension remarquable au moment des fouilles sur le terrain des « petites sœurs de pauvres ». Lorsqu’elle fonctionnait, la double flamme devait briller intensément dans l’obscurité d’autant qu’à l’arrière, sa large anse triangulaire rappelle que sur les lampes en bronze poli, cette partie servait de réflecteur pour diffuser une lumière encore plus vive.

Ces lampes en céramique, exhumées du sol aquitain auraient pu être offertes lors des Saturnales, surtout que l’offrande de lumière faisait partie des rites dans ces moments festifs*. Mais à quel point ces réjouissances qui marquent le retour de la clarté après le solstice d’hiver étaient célébrées à Mediolanum ? Cette tradition romaine était peut-être perçue comme une fête importée, tout comme aujourd’hui Halloween, antique fête celtique de Samonios, qui a su s’imposer de nouveau dans notre culture.

Cédric Grené

* Cf Macrobe, Les Saturnales – A la fin des Saturnales la fête des Sigillaires était l’occasion de s’offrir des figurines et objets en terre cuite destinées à Saturne. Le dieu qui a donné son nom à ces réjouissances, recevait aussi des offrandes de lumière sous forme de bougies, torches ou lampes à huile.

Bibliographie :

MARTIAL, Epigramme, traduction et présentation de J. Malaplate, Gallimard, Saint-Amand, 2005

Livre V. 18. A Quintilien – Livre XIV. 23. Lampe de la chambre à coucher

L. MAURIN, K. ROBIN, L. TRANOY, Saintes 17/2, coll. Carte Archéologique de la Gaule (dir. M. Provost), Gap, Académie des inscriptions et belles lettres, 2007, 439 p.

Illustration en entête : Lampe en bronze Grand Tour type museum de Cambrigde

Saintes, de la cave au puits-nouvelles données sur un quartier de Mediolanum Santonum.

Une équipe d’archéologues de L’inrap mène actuellement une fouille en périphérie septentrionale de la ville antique de Saintes, une occasion de replonger dans l’histoire de Mediolanum Santonum, capitale provinciale dès le 1er siècle de notre ère, dont le patrimoine est déjà classé monument historique.

Découverte exceptionnelle d’une cave antique pour Saintes

Le mobilier abondant recueilli dans les nombreuses fosses dépotoirs présentes dans l’emprise de la fouille ainsi que le comblement d’une cave, permet de dater l’abandon du site entre 120 et 150 de notre ère. De grandes dimensions( 2,50 sur 3,50 m) et conservée sur 2,20m de profondeur) , elle possède encore ses marches d’accès et sa porte ( jambage et crapaudines). Contrairement à d’autres villes, Saintes n’avait pas encore fourni de cave!

La fouille du puits

Plus d’une centaine de puits romains ont été identifiés à Saintes depuis le XIXe Siècle. Le puits était la source d’alimentation en eau privilégiée pour la consommation quotidienne à l’époque romaine à Saintes. L’eau est sacrée, vitale pour la vie de l’homme.

La profondeur des puits dépend du contexte géologique notamment du niveau des nappes phréatiques. Ainsi pour le même secteur les profondeurs varient entre 15 et 40 m, celle de la rue Ambroise Daubonneau est de 18m.

Les rejets faits dans les puits lors de leur abandon, sont révélateurs du type d’occupation et d’activité de leur environnement. D’où le grand intérêt de fouiller ces structures en plus de l’exceptionnel état de conservation des vestiges organiques, préservés par la présence de l’eau. Rue Ambroise Daubonneau ont été découverts des végétaux tassés, des fragments de noisettes, de noix, des pommes de pin entières, du cuir et même des feuilles encore vertes…!

Ces vestiges sont rares et leur excellent état de conservation va permettre aux archéologues de pousser les analyses sur les parasites, les insectes, les graines, les pollens, les plantes utilisées (pour les teintures, par exemples) et permettre de dire quelles activités ( élevage, tissage..) se déroulaient autour de ce puits.

Fusaïoles trouvées dans le puits

Les responsables scientifiques :

Jean-Philippe Baigl , Archéologue INRAP ( auteur des photos)

Christophe Tardy -CISAP-INRAP

Le CISAP est la cellule d’intervention sur les structures archéologiques profondes de l’Inrap, constituée d’archéologues spécialement formés à la fouille des structures profondes, elle intervient sur l’ensemble du territoire national en complément des opérations de terrain en cours de fouille.