Août, le mois le plus chaud de l’année, tire son nom d’Auguste. En français la relation entre les deux mots n’est pas flagrante alors qu’en anglais August rappelle le premier Empereur de Rome.
C’est en 8 avant notre ère que le Sénat propose de l’honorer ainsi. Ce n’était pas une première puisqu’à la mort de César, oncle et père adoptif d’Auguste, les oligarques avaient déjà donné au septième mois le nom de Julius, en mémoire du général assassiné.
Ce nom d’Augustus est d’ailleurs un titre, encore une fois voté par les sénateurs, signifiant « le plus brillant » ou « le plus illustre » . C’est en -27 qu’Octave, puisque c’est son vrai nom, accepte ce titre et se pose en maître de ce qui est en train de devenir l’Empire romain, quatre ans après sa Victoire définitive sur Antoine et Cléopâtre.
Dès lors, son image est multipliée, en vue de propagande officielle. Différents modèles sont créés, le plus popularisé est celui du type « Prima Porta » du nom de la localité où fut retrouvée une statue monumentale en marbre de l’Imperator armé d’une cuirasse finement ouvragée. Auguste y est représenté avec des traits idéalisés suivant la tradition grecque classique mêlé de réalisme propre à la Rome républicaine. Sur près de deux cents portraits retrouvés, cent cinquante dérivent de ce type reconnaissable à une coiffure particulière aux mèches réparties de façon toujours identique sur le front.
A Saintes dans les fondations de la tour Meslier, aujourd’hui rue des remparts, un buste en marbre de Carrare d’Auguste a été retrouvé en 1857. La coiffure présentant encore des traces de couleur brune correspond exactement à ce modèle italien. Sans doute sculptée à une période plus tardive, voire après la mort de l’Empereur, cette tête est ici ornée d’une couronne de chêne dite « couronne civique », une distinction honorifique décernée à ceux qui sauvaient la vie d’un citoyen romain. Liée à l’arrière par un ruban qui à l’origine revenait de chaque côté du cou, on distingue encore très bien le nœud d’Héraclès censé apporter force et protection. Des trous au revers de cette couronne étaient peut-être destinés à fixer un diadème à rayons comme celui de la statue de la liberté, mais il avait disparu depuis longtemps lors de la découverte du buste par des membres de la Société d’archéologie. La forme en obus de la base laisse penser que cette tête s’encastrait initialement dans un corps de marbre.
Témoin de la diffusion d’un modèle standardisé aux variantes plus ou moins notables, la tête d’Auguste s’est répétée comme une icône en marbre, pierre précieuse ou fresque et jusque sur les monnaies quotidiennes pour asseoir son pouvoir aux confins d’un Empire démesuré.
Maître du temps et de l’espace, il sera divinisé à sa mort.
Cédric Grené, guide conférencier, master d’histoire de l’art
Bibliographie :
A. Giardina et al., E. La Rocca (commissaire) et le Grand Palais, Paris, 2014, Auguste, Catalogue d’exposition (19 mars – 13 juillet 2014), Paris, Éd. de la RMN, 352 p.
L. Maurin, K. Robin, L. Tranoy, Saintes 17/2, coll. Carte Archéologique de la Gaule (dir. M. Provost), Gap, Académie des inscriptions et belles lettres, 2007, 439 p.
Photos en entête : De gauche à droite, bustes d’Auguste de Toulouse, de Saintes et de Munich
Auguste de Prima Porta
Auguste exposé au Musée archéologique de Saintes