Des nouveautés sur les aqueducs de « Mediolanum ».

Cet été , les archéologues Vincent Miailhe et Ludovic Hericotte en photo ci-dessus, ont réalisé une étude du bâti sur plusieurs portions de la galerie de l’aqueduc antique de Saintes , sur la commune de Fontcouverte(17). L’objectif était de mieux comprendre le mode de construction et de phaser les aménagements successifs . Ce travail réalisé en deux étapes début juin et fin juillet, a été réalisé en partenariat avec la SahCM qui s’est chargée de la logistique. Les résultats permettront d’actualiser les connaissances sur les aqueducs et viendront compléter le discours de médiation de nos bénévoles lors des visites que nous proposons pendant les journées de l’archéologie et du patrimoine.

Jean-Louis Hillairet, Vincent Miailhe et Ludovic Hericotte au travail à Fontcouverte

Les Aqueducs de Gaule Romaine …à Saintes (mediolanum)

Saintes , capitale de la Gaule aquitaine, disposait d’un aqueduc qui a connu trois états qui se sont succédés pendant toute la période romaine. Il était daté d’aménagements originaux , en particulier à la convergence de ses trois sources.

Auteur : Jean-Louis Hillairet , responsable de la fouille des aqueducs de Saintes .

Il est également auteur de l’ouvrage : Les Aqueducs , au fil de l’eau

en vente sur son site : http://aqueducs-antiques-de-saintes.fr

Aqueducs de Saintes : reportage de France 3

« En immersion dans l’aqueduc de Saintes , l’un des plus ancien de France »

Le reportage du 5 mars 2021 de France 3 a porté sur les travaux de numérisation 3D de l’aqueduc par des étudiants en topographie et des bénévoles de la Société d’archéologie et d’histoire de la Charente-Maritime.

Témoignage de Vincent Miailhe , archéologue -topographe , membre de la SahCM :

 » Vous avez une alternance de constructions maçonnées , il s’agit d’une voûte en berceau, directement taillée dans la roche. La voûte est en très bon état, vous avez un mortier qui n’a pas bougé , aucune pierre ne tombe, c’est un tunnel qui a plus de 2000 ans. Les techniques romaines de construction ont toujours été exceptionnelles et ce sont des romains qui l’ont construit. »

Premier aqueduc : traversée de la Charente.

Proposition de restitution par Jean-Louis Hillairet du pont siphon et du siphon passant au fond du lit de la Charente pour le premier aqueduc. 

 » Nos observations à la « Grève », nous permettent de préciser d’une part, que le point d’arrivée à Saintes du deuxième aqueduc est plus haut d’environ 60 cm ( à découvrir) , par rapport au dernier point connu du premier. De cette constatation , nous pouvons penser que le castellum aquae de fuite du second aqueduc est lui aussi plus haut par rapport à celui du premier, afin de pouvoir distribuer l’eau à une plus grande partie de la ville.

Au vu de l’emplacement du point d’arrivée du second aqueduc , de la hauteur de départ plus haute, et du poids ( 4 fois plus élevée), nous pensons qu’il a été nécessaire à cet endroit de réaliser un nouvel ensemble de pont aqueduc avec un nouveau réservoir de chasse ( plus haut) , un pont siphon, et une nouvelle tour de changement de direction, puis un nouveau siphon traversant également la Charente avec un nouveau réservoir de fuite.

Pour appuyer cette dernière hypothèse , il se trouve que la plate forme de l’aqueduc, reconnue dans les années 1950, ne se trouve pas dans le prolongement du pont fouillé récemment, mais plus éloignée d’une dizaine de mètres vers l’est.

De ce fait, l’expertise archéologique est passée au travers de ce tracé. sans doute que la tranchée réalisée a été faite à l’emplacement d’une arcade ».

 » Faisant suite à mon hypothèse, la carte de Saintes ( ci-dessous) , avec le parcours des aqueducs , l’emplacement des fouilles et observations réalisées , afin de mettre en évidence l’existence obligatoire d’un autre pont siphon pour le deuxième aqueduc « .

Extrait des « Cahiers de l’aqueduc n°1 »

Peinture de Bourignon – Le vallon des ArcsPeinture de Bourrignon : Le Vallon des Arcs

MEDIOLANUM, le chef-lieu de la cité des Santons et ses aqueducs

par Jean-Louis Hillairet

Les origines romaines de Saintes semblent, d’après Louis Maurin, correspondre au premier gouvernement du corégent d’Auguste, Agrippa vers 40 à 37 av. J.-C, et font suite au lancement du schéma routier, dont la première des quatre voies principales partait de Lyon et aboutissait chez les Santons. L’étude architectonique des blocs monumentaux Augustéens et Julio-Claudiens de Mediolanum ( Saintes) montre que ceux-ci n’ont pas d’équivalent en Aquitaine, ce qui incite les scientifiques à penser que cette ville fut la première capitale de cette nouvelle province. Vaste territoire qui s’étendait depuis les abords de la Loire jusqu’aux Pyrénées, elle englobait la plus grande partie du Massif Central. Il est raisonnable de penser, au vu de l’importance des travaux, que c’est ç ce moment, que les Romains décident, grâce à leur maîtrise technologique, de construire un aqueduc pour desservir la ville en eau potable. L’eau représente dans l’antiquité un élément important du confort urbain. Les capitaux que sa construction nécessite manifestent la richesse de la cité.

A cette époque, un premier aqueduc voit le jour, depuis la source de la « Font-Morillon » sur la commune de Fontcouverte, jusqu’aux thermes de Saint-Vivien, construits au bord de la Charente.

Sur le parcours, plusieurs ouvrages de qualité ont été réalisés: le pont-aqueduc du vallon des Arcs, long de 160m avec ses 27 arcades, puis la galerie du « Plantis des neuf puits », creusée sur une longueur de 500m à 17m de profondeur, enfin un autre pont-aqueduc à « Hautmont » long de 400m qui comprenait 62 arches et atteignait 29 m de hauteur. Cet aqueduc devait avoir, d’après A. Triou, un débit de 3000m³/jour.

Planche Claude MassePlanche de Claude Masse : le pont-aqueduc du vallon des arcs et le tunnel du Plantis des neuf puits en haut et le pont-aqueduc de Haumont en bas

C’est ainsi, qu’un nouvel établissement thermal est construit à Saint-Saloine pour répondre à l’augmentation de la population. A cette occasion, il faut revoir le débit de l’aqueduc qui est trop faible. Ainsi voit le jour un nouvel aqueduc réunissant les eaux des sources des communes du Douhet et de Vénérand, qui double le parcours du premier aqueduc à partir de la source de Fontcouverte, et permet sans doute d’additionner ses eaux aux deux autres. Le débit ainsi cumulé du nouvel aqueduc pouvait atteindre environ 10 000m³/jour. Ce nouvel itinéraire a permis de réutiliser, après des modifications de hauteur, les ouvrages d’art du premier aqueduc, diminuant ainsi le coût de la construction.

Les aqueducs de Saintes possèdent différents types d’ouvrages. Tout d’abord en leur point de départ, les captages des sources, et leur arrivée, les thermes. Entre ces deux points, il existe un conduit qui a été réalisé soit en tranchées, soit en tunnels, soit en galeries construites hors sol. Puis, lorsqu’il doit franchir un vallon et une vallée, ce conduit passe soit sur un mur-pont, soit sur un pont-aqueduc, voire, pour le franchissement de la vallée de la Charente, par le biais d’un siphon muni d’ouvrages spécifiques ( réservoirs de chasse et de fuite). Un autre ouvrage remarquable est le bassin de jonction des deux aqueducs de Vénérand et du Douhet, celui-ci possédant un système d’évacuation des eaux, en souterrain, assez complexe.

Les recherches effectuées depuis 2003 ont permis de mettre au jour d’autres ouvrages inédits, tels que le croisement de deux aqueducs à l’emplacement d’un talweg de vallon, des systèmes de délestage d’eau, des mur-ponts, la jonction entre la sortie d’un tunnel et le début d’une tranchée et surtout un troisième aqueduc plus tardif.

Galerue des neufs puits J. TriouLa galerie des neuf puits, photo de J. Triou

Extrait publié par la SahCM en 2008 dans  » les cahiers de l’aqueduc n°1  » (épuisé)

Les autres cahiers sont toujours disponibles à la vente :

Les cahiers de l’aqueduc n°2

Les cahiers de l’aqueduc n°3

Les cahiers de l’aqueduc n°4

Les bénévoles de la SahCM

En remerciement aux nombreux fouilleurs bénévoles, membres de la Société d’archéologie et d’histoire de la Charente-Maritime, qui depuis 2003 ont participés aux recherches sur les aqueducs antiques de Saintes. Nous leur devons de nombreuses découvertes et nouvelles connaissances sur cet équipement hydraulique antique : merci à eux.4

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Trouver d’autres photos sur le site de Jean-Louis Hillairet voir le lien dans la page : « liens utiles » du site.

La céramique du Bronze Moyen 1 source de la Grand-Font.

Bulletin

Article publié dans la bulletin de l’APRAB :

La céramique du Bronze Moyen 1 de la source de la Grand-Font, Le Douhet ( Charente-Maritime) , par José Gomez de Soto, Jean-Louis Hillairet et Jérôme Rousseau, avec la collaboration de Philippe Forré.

Grand-font

La source de la Grand-Font -Doc : Jean-Hillairet.

Bulletin céramiques

les céramiques ont été découvertes dans le bassin de décantation de la source

-Voir le schéma ci-dessus.

Baptistère de Le Douhet.

Communication de J.L-Hillairet-Archéologue, concernant le baptistère paléochrétien de : chez Pérot-Le Douhet.

« Je viens de recevoir un livre  » Le baptême au cours des siècles », 2019 par Jacques Frei, de nationalité Suisse, spécialiste dans l’histoire du christianisme et de l’archéologie biblique. Il décrit les baptistères de Suisse, de Belgique et de France.

Dans cet ouvrage, il y a une place sur notre site. A la fin de son livre il décrit ce qu’il a vu et entendu lors d’un baptême à Albenga en Italie où se trouve un baptistère du cinquième siècle:

-Le prêtre commence sa liturgie et déclare ensuite:  » il y a mille cinq cent ans, les chrétiens se faisait baptiser en ces lieux. Au milieu du bâtiment se trouvait un grand bassin baptismal dont vous pouvez voir ce qu’il en reste aujourd’hui. C’était assez grand et rempli avec suffisamment d’eau. Le futur baptisé se trouvait dans l’eau avec l’Evêque. L’évêque prenait la parole, il disait qu’il agissait au nom du Père, du fils et du Saint Esprit. Puis le baptême avait lieu par immersion totale. Le nouveau baptisé sortait alors de l’eau comme un nouvel homme et quittait ce lieu par une autre porte. Au-dessus de cette porte se trouvait un « Christo gramme » ou Chrisme. Cela signifiait que Dieu se trouve au-dessus du nouveau chrétien et que ce dernier commence une nouvelle vie sous la protection de Dieu ».

Sur le site du lavoir de chez Pérot :

Le Chrisme, qui se trouve au-dessus de la porte qui donne vers l’aqueduc, fait le même office que ce qui est décrit. Elle représente la sortie, par laquelle les nouveaux baptisés quittaient les lieux en empruntant l’escalier se trouvant à l’arrière du mur, taillé en même temps que l’ensemble du baptistère, y compris le « siège ».

Je pense que cette information est déterminante pour conforter Chez Pérot l’hypothèse d’un baptistère paléochrétien.

Reste à déterminer combien de temps cette réalisation a pu durer et pourquoi cela a été possible sans l’intervention des autorités gallo-romaines. »

Jean-Louis Hillairet.

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