LIVILLA, histoire de famille

Depuis la nouvelle présentation des collections du musée archéologique de Saintes inaugurée en septembre 2021, on redécouvre le visage abîmé d’une jeune princesse impériale. Ce portrait a été identifié par une grande spécialiste de l’art antique, Emmanuelle Rosso, lors de sa visite dans les réserves de la ville il y a une vingtaine d’années. C’est par la présence à peine visible d’une rangée de bouclettes érodées sur le front qu’elle a pu reconnaître Livilla dont on connaît huit autres portraits dans le monde. Mais de quelle Livilla s’agit-il ? Car au début de notre ère, deux Livilla ont existé.

 

Portrait de Livilla au musée archéologique de Saintes

La première, de son vrai nom Claudia Livia Julia (1) est née entre -14 et -11. Livilla est un surnom qui veut dire « Petite Livie », en hommage à sa grand-mère Livie, la femme d’Auguste. Elle avait deux frères : le plus jeune, né à Lyon, sera le futur empereur Claude et l’aîné Germanicus, très aimé pour son caractère, aura une grande réputation comme général pour avoir ramené à Rome deux aigles perdus à la bataille de Teutobourg. Ils étaient tous trois les enfants de Drusus I l’Ancien, frère de l’empereur Tibère. A travers ces noms, l’arc de Mediolanum (Saintes) commence à dessiner sa silhouette qui était à l’origine hérissée de sculptures. Comme l’a brillamment décrit Pierre Tronche lors de sa conférence en octobre (2), la statue de Tibère triomphait au centre et les deux princes héritiers, se dressaient de chaque côté. On devine encore les inscriptions sur la pierre : Germanicus, son neveu adopté en l’an 4 à la demande d’Auguste et son propre fils Drusus II le Jeune. Malheureusement l’avenir étincelant qui leur était promis n’est jamais advenu car ils sont morts tous les deux empoisonnés. Celui dont on a retenu le nom fut assassiné en Orient, l’année présumée de l’achèvement de l’arc en 19, peut-être sur ordre de Tibère. Drusus II, lui, fut empoisonné peu de temps après en 23, par sa femme. Et cette femme, c’était Livilla.

 

Museo della Maremma, Grosseto, Italie

Après un premier mariage avec un fils d’Agrippa (celui qui donna son nom à la voie entre Saintes et Lyon), Livilla dut épouser Dusus II, le fils unique de Tibère, sur l’injonction d’Auguste qui régissait la politique matrimoniale de la famille. Elle donna une fille et deux jumeaux à l’héritier de l’Empire et son effigie s’est diffusée dans le monde romain à cette époque. Les auteurs antiques nous décrivent un Drusus violent, buvant sans modération, il aurait reçu le surnom de Castor par comparaison avec un célèbre gladiateur de l’époque pour son art de donner des coups (3) ! Il n’a peut-être pas plu à sa femme mais surtout, son assassinat répondait à l’élimination planifiée et systématique de tous les successeurs potentiels de Tibère à l’instigation d’un homme de pouvoir qui prit une place croissante dans les affaires de l’Etat. Cet homme, Séjan, aurait séduit Livilla pour parvenir à ses fins. En 31, huit ans après l’empoisonnement de Drusus dont la mort lente avait été  mise sur le compte d’une maladie, l’usurpateur est démasqué et sa complice condamnée. Elle se serait suicidée ou aurait été enfermée dans ses appartements puis affamée à mort. Sur décision du Sénat, on condamne jusqu’au souvenir de son existence par la damnatio memoriae, avec ordre de détruire ses statues et d’effacer son nom des monuments publics. Dans ce cas, comment aurait-on pu garder des portraits d’elle ?

 

Domus romana de Rabat à Malte

Susan E. Wood, universitaire américaine, nous rappelle que les damnatio memoriae n’ont pas toujours été suivies d’effet en province (4), et penche pour l’attribution de ce portrait à Livilla I (5). Elle s’appuie sur le contexte archéologique des groupes sculptés d’époque tibérienne retrouvés à Leptis-Magna en Libye. En effet, lorsqu’en 2005 paraît une étude de grande ampleur sur le Vieux Forum de Leptis-Magna, Giorgio Rocco (6) rappelle que sur le portail de l’Augusteum où sont inscrits des noms des trois premières générations de la famille impériale, un seul a été volontairement effacé mais « est clairement reconstituable vu le contexte». Ainsi, sur la dédicace, après les noms de Germanicus et Drusus Cesar, on a celui de leur femme respective : Agrippine (l’ancienne) et celui arasé dont l’espace correspond à « Livia », nom officiel de Livilla. Au nombre des portraits retrouvés sur place, seul celui qui nous intéresse demeure sans attribution. D’autres chercheurs ont fait ce lien mais bien que cette hypothèse soit séduisante, le doute subsiste, aussi, suivons l’autre piste.

 

La génération suivante est celle de la seconde Livilla, Julia Livia, née en 18, un an avant la mort de son père Germanicus. Issue d’une grande fratrie, c’est seulement lorsque son frère Caligula devient empereur en 37, que sa proche famille presque décimée, n’est plus persécutée par Séjan et Tibère. C’est peut-être de cette époque que date le portrait, à l’instar des pièces de monnaie qui représentent les trois sœurs du nouvel empereur. Mais si le début du règne est marqué par un soulagement général et des fêtes interminables, Caligula tombe rapidement malade et devient tyrannique et dérangé après son rétablissement et la mort de sa sœur Drusilla. Les mauvais traitements qu’il inflige à son entourage provoquent des conjurations pour l’écarter du pouvoir. En 39 une tentative qui liguait parmi d’autres ses sœurs Livilla et Agrippine la Jeune (future mère de Néron) échoue et elles sont exilées. Ce mauvais règne qui ne dure pas 4 ans mais qui aura mis l’Empire sans dessus dessous, voit l’avènement de Claude, quatrième empereur de Rome. Ses nièces Livilla et Agrippine reviennent à la cour pour peu de temps car Messaline, la nouvelle favorite, les en écarte très vite. Livilla accusée d’adultère avec le philosophe Sénèque est exilée de nouveau et contrainte au suicide ou assassinée en 41.

 

Statue présumé de Drusus III trouvée à Roselle – Museo della Maremma, Grosseto, Italie

La provenance douteuse de notre portrait (7) rend délicate toute interprétation. Pourtant la tête d’Auguste de Saintes (8) dont le style est estimé au règne de Caligula et la base de statue dédicacée à Drusus III, frère de ce même empereur, confirment selon Emmanuelle Rosso (9) que cet ensemble est contemporain d’un portrait de Livilla II. La fratrie est ainsi partiellement recomposée. Cette proposition d’attribution reste une hypothèse séduisante pour Pierre Tronche (10) et d’autres chercheurs (11) qui remarquent que les accroche-cœurs étaient très à la mode sous ce règne. Par ailleurs, le contexte archéologique bien plus riche de Roselle près de Grosseto en Toscane, où des portraits de toutes les générations de la famille impériale sont représentés avec un possible Drusus III et une statue en pied presque complète de notre jeune fille, aide un peu. Les spécialistes proposent différentes dispositions des effigies dans les niches du collège des Augustales suivant les règnes successifs. Eleonora Romano (12), décèle un style de l’époque de Tibère sur un Drusus II et notre portrait mais ne propose aucune attribution, tout en écartant la possibilité d’une Livilla I pour la condamnation de sa mémoire. Elle inclut ces derniers dans un cycle remanié à l’époque de Claude. Le buste de la Domus de Rabat à Malte retrouvé avec une statue de Claude, n’aide pas non plus à se prononcer définitivement (13) ou envoie vers d’autres pistes (14).

 

Alors, Livilla I sœur de Claude ou Livilla II sœur de Caligula ? Ce portrait que les chercheurs ont attribué pendant près d’un siècle à Antonia la Jeune avant que les lignes ne bougent au tournant des années 70, n’est toujours pas identifié avec certitude. Aussi, en regardant ce fragment de visage au Musée de Saintes, on peut se demander quel destin nous fait face. Cette jeune fille aura vécu il y a 2ooo ans au sein de la très riche famille des Julio-Claudien, famille aussi puissante que violente pour conserver la Pourpre. Mais qui sait, avec les chantiers de fouilles qui se succèdent autour de la Méditerranée, on découvrira peut-être un jour, une nouvelle pièce du puzzle.

 

Cédric Grené, guide conférencier, master d’histoire de l’art, membre de la SahCM

 

 

  1. Rohr Vio (Dir), F. Delle Mora, Claudia Livia Giulia Livilla, Moglie e madre di eredi al principato, tesi di Laurea 2017-18, Univ. Ca’Foscari Venezia, 2019, 223p
  2. Conférence de Médiactions présentée par Cécile Trebuchet, Salle Saintonge à Saintes le 15 oct. 2021
  3. Dion Cassus, Histoire Romaine, Livre LVII, 13 et 14
  4. Frappés de Damnatio Memoriae : Marc-Antoine, Séjan, Caligula ( bloquée par Claude), Messaline, Agrippine Mineure, Néron, Vitello, Othon, Domitien, (…) dont on conserve les portraits.
  5. E. Wood, Imperial women, a study in public image, 40 BC- 68 AC, revised edition, Leiben-Boston-Kohln, 1999, pp. 190-202
  6. Di Vita, M. Livadiotti (Dir), G. Rocco I tre templi del lato nord-ouest del Foro Vecchio a Leptis Magna, L’Erma di Bretschneider, Roma, 2005, pp 231-235
  7. Maurin, K. Robin, L. Tranoy, Saintes 17/2, coll. Carte Archéologique de la Gaule (dir. M. Provost), Gap, Académie des inscriptions et belles lettres, 2007, pp. 228-229
  8. Grené, Août-Auguste, art. Société d’Histoire et d’Archéologie de Charente-Maritime, 2020
  9. Rosso, Présence de la Domus imperiale Julio-Claudien à Saintes : Statuaire et épigraphie, in Aquitania XVII, 2000. pp 121-149
  10. Lavagne (dir) G. Moitrieux, P. Tronche, Saintes, la cité des Santons et Angoulème, Nouvel Espérandieux Tome V, Paris, 2017
  11. B. Rose, Dynastic commemoration and imperial portraiture in the julio-claidian periode, Cambridge, 1997 pp 122-123. C Rose voit Livilla II dans ce type « Leptis-Malta ». Il date la statue de Roselle (it) de l’époque de Caligula
  12. Romano, Gli « Augustales » a « Rusellae », una rilettura delle testimonianze architecttoniché, scultorée ed epigrafiché, vol 59, 2013, Pisa University Press pp 179-192
  13. Linder, Woman from Frosinone : Honorific portrait statues of roman imperial Women, Mémoirs of the american Academy in Rome, Univ. of Michigan press, 2006, pp. 57-58
  14. Catalogue of the greco-roman sulpture in possession of the Maltese Nat. Collection, Portrait of a young Lady, Malta Heritage

 

DÉCEMBRE – Lampe à huile

« En ce mois de décembre où partout les cadeaux circulent : manuscrits, tapis, cierges, pruneaux de Damas arrangés en jarres à facettes… », c’est ainsi que le poète Martial décrit l’ambiance des Saturnales, la grande fête de fin d’année qui se déroulait sur plusieurs jours et qui voyait l’ordre conventionnel suspendu dans la Rome antique. Parmi les présents offerts à cette occasion, l’auteur latin d’origine espagnole mentionne ici les bougies de cire mais parle ailleurs d’un autre type d’éclairage qu’on a retrouvé lors des fouilles archéologiques menées à Saintes.

Connu pour ses poèmes piquants et parfois franchement obscènes, Martial a écrit, entre autre, deux livres entièrement composés de phrases en deux vers, censées accompagner les présents qui se donnaient au moment des Saturnales. Deux lignes destinées à l’étiquettes d’une lampe de chambre à coucher, peuvent être traduites ainsi :

Lampe à huile à décor de coq, découverte rue du général Sarrail à Saintes © Conservation des Musées

« Près de ton lit, la nuit, je veille et te vois bien,

Mais fais ce que tu veux, je n’en dirai rien »

Il parle bien-sûr d’une lampe à huile, en céramique ou en bronze

D’un usage courant durant l’antiquité, ces lampes illuminaient toutes les maisons à l’époque romaine dans le bassin méditerranéen. Principal moyen d’éclairage, l’huile d’olive contenue dans le réservoir alimentait une mèche imbibée qu’on enflammait pour donner une lumière douce. En Gaule, sur la façade Atlantique, cette huile était importée et l’huile de noix ou la cire d’abeilles restaient chères, on utilisait donc aussi couramment des lampes à graisse animale solide pour s’éclairer. Pour autant, celles en terre cuite de tradition romaine ont été adoptées très tôt par les Santons.

Fragment signé de lampe à huile découverte dans le cimetière Saint-Vivien à Saintes

On sait qu’ils ont pratiqué ce type d’éclairage dès la fin de la période républicaine puisqu’on en a retrouvé des restes brisés dans des fosses dépotoirs datées de -30/-20 sous l’actuelle école Émile Combe. La anse à l’arrière est encore à cette date un ruban d’argile collé en forme de boucle pour y passer l’index mais rapidement cet appendice va soit disparaître, soit être moulé dans la masse.

Lampe à huile à deux becs, découverte aux « petites sœurs des pauvres » à Saintes

Avec la montée en puissance de la ville et l’enrichissement de ses habitants au premier siècle de notre ère, de très beaux luminaires sont commercialisés à Mediolanum. Pour preuve, dans le quartier des artisans de la rue Daubonneau fouillé en 2001 par l’équipe de Karine Robin, une belle lampe ornée d’un taureau chargeant à été mise au jour. Elle s’apparente à celle retrouvée dans un puits, rue du général Sarrail, décorée d’un coq. Ces exemplaires façonnés en série avec des moules en deux parties ne semblent pas avoir été fait sur place, comme l’atteste le fragment de lampe provenant du cimetière Saint-Vivien portant la marque du potier EUCARPUS. Si les grands ateliers gaulois en ont conçus en grande quantité, jusqu’à présent nous n’avons pas de témoignage d’une production Médiolanaise.

Ce même siècle a vu la diffusion d’un modèle moins courant muni de deux becs afin d’accueillir deux mèches. On a la chance d’avoir retrouvé un de ces spécimens de dimension remarquable au moment des fouilles sur le terrain des « petites sœurs de pauvres ». Lorsqu’elle fonctionnait, la double flamme devait briller intensément dans l’obscurité d’autant qu’à l’arrière, sa large anse triangulaire rappelle que sur les lampes en bronze poli, cette partie servait de réflecteur pour diffuser une lumière encore plus vive.

Ces lampes en céramique, exhumées du sol aquitain auraient pu être offertes lors des Saturnales, surtout que l’offrande de lumière faisait partie des rites dans ces moments festifs*. Mais à quel point ces réjouissances qui marquent le retour de la clarté après le solstice d’hiver étaient célébrées à Mediolanum ? Cette tradition romaine était peut-être perçue comme une fête importée, tout comme aujourd’hui Halloween, antique fête celtique de Samonios, qui a su s’imposer de nouveau dans notre culture.

Cédric Grené

* Cf Macrobe, Les Saturnales – A la fin des Saturnales la fête des Sigillaires était l’occasion de s’offrir des figurines et objets en terre cuite destinées à Saturne. Le dieu qui a donné son nom à ces réjouissances, recevait aussi des offrandes de lumière sous forme de bougies, torches ou lampes à huile.

Bibliographie :

MARTIAL, Epigramme, traduction et présentation de J. Malaplate, Gallimard, Saint-Amand, 2005

Livre V. 18. A Quintilien – Livre XIV. 23. Lampe de la chambre à coucher

L. MAURIN, K. ROBIN, L. TRANOY, Saintes 17/2, coll. Carte Archéologique de la Gaule (dir. M. Provost), Gap, Académie des inscriptions et belles lettres, 2007, 439 p.

Illustration en entête : Lampe en bronze Grand Tour type museum de Cambrigde

NOVEMBRE – Antéfixe

Antéfixe de l'atelier de La Palu

On a tous en mémoire un petit village gaulois aux toits de chaume protégeant ses habitants des pluies hivernales. En réalité, ce mode de couverture dominait aussi dans les grandes agglomérations lorsque tout la Gaule fut occupée en 50 av. J.C. Mais progressivement, l’usage romain de la tuile s’est imposé et avec lui, un nouveau décor est apparu sur le rebord des toits : l’antéfixe.

Bien qu’il fasse penser a un nom gaulois de bande dessinée, cet ornement est d’origine grecque, comme la tradition des tuiles plates et rondes qui finirent par coiffer presque toutes les constructions d’époque romaine. Évidement, cela ne s’est pas fait en un jour. À Mediolanum par exemple, après l’édification de bâtiments officiels, on a dû attendre la reconstruction des maisons traditionnelles et la création de nouveaux quartiers pour compléter le plan romain en damier de ses rues. Une longue métamorphose qui a vu la ville se couvrir progressivement d’une teinte rouge-rosée.

Aquarelle de Mediolanum au Ier siècle par Jean-Claude Golvin
Aquarelle de Mediolanum au Ier siècle par Jean-Claude Golvin

Au-delà des décorations qui pouvaient couronner les toitures des édifices de prestige*, le bord de certains toits étaient crénelés d’antéfixes pour cacher la jointure de deux tuiles plates (tegulae) sous les tuiles rondes (imbrices). L’ornement terminait donc une rangée d’imbrices pour être visible de la rue. On en a retrouvé une douzaine à travers la ville comme sous l’actuelle gare routière ou rue de Tibère. Tous moulés sur le même modèle, ils présentent une tête humaine ou de lion schématiques sur une palmette où apparaît en relief, la marque « FRONT O » ou « FRONT FEC », abréviation de « Fronton » ou « Frontinus l’a fait » .

En 1993, au 37-39 rue du bois d’Amour, sur la rive gauche de la Charente, un atelier de potier est fouillé. Aux abords d’un four, on a la surprise de découvrir des fragments d’antéfixes à tête humaine d’un modèle identique mais sans signature, sans doute exécutés sur place.

Photo extraite de Saintes Antique de Louis Maurin

Quelques années plus tôt en 1986, Guy Vienne, ancien membre de la Société d’archéologique de Saintes, avait découvert un autre atelier lors de la fouille de sauvetage précédant le creusement du canal de dérivation de la Charente à la Palu. Cette fois, avec son équipe, il mit au jour un grand complexe dont il estima l’activité entre les années 30 et 160 de notre ère. Révélant le lieu de fabrication de tuiles, de vaisselles et de divers objets comme l’oscillum en terre cuite de « la toilette de Vénus ». Il identifia surtout trois antéfixes, identiques aux deux types retrouvés par le passé : tête d’homme et mufle de lion. Cette fois, les céramiques étaient signées.

Alors, sans être sûr d’avoir découvert l’atelier du célèbre Fronton ou Frontinus, au nom imprimé sur les constructions les plus soignées de Mediolanum, on est à peu près certains d’avoir retrouvé le lieu d’où sortaient des antéfixes glanés dans toute la ville depuis plus d’un siècle.

Cédric Grené, guide conférencier, master d’histoire de l’art

 

* article d’A. Bouet, « L’épi de faîtage, un élément de terre cuite méconnu : à propos de deux exemples en Dordogne » in Aquitania XXI, 2005, pp. 285-298

Bibliographie :

L. Maurin, Saintes Antique, des origines à la fin du VIème siécle, Saintes, 1978 (publ. de la Société d’Archéologie et d’Histoire de Charente-Maritime), p. 229

L. Maurin, K. Robin, L. Tranoy, Saintes 17/2, coll. Carte Archéologique de la Gaule (dir. M. Provost), Gap, Académie des inscriptions et belles lettres, 2007, 439 p.

Illustration en entête : antéfixe de l’atelier de La Palu

Illustration 2 : Aquarelle de Mediolanum au Ier siècle par Jean-Claude Golvin

Illustration 3 : Extraite de Saintes Antique de Louis Maurin

OCTOBRE – Corne d’abondance

C’est le moment du labour et des semailles dans les campagnes, plus tard viendra la récolte. Ce produit de la terre et d’autres bienfaits débordent de la corne d’abondance, un symbole toujours tenu par des femmes sur les représentations divines retrouvées à Saintes et ses environs.

Si Cérès la romaine ou Déméter la grecque, déesses de l’agriculture et de la fertilité, sont parfois représentées assises sur un trône, une corne d’abondance tenue contre elles, à Thénac c’est la déesse Cybèle qu’on a retrouvée ainsi. Aux abords du théâtre situé à 6 km au sud de l’antique Mediolanum, on a découvert une pierre semi-précieuse gravée en creux* de la « Grande Mère » trônant la corne à la main. Maîtresse de la nature sauvage et fertile, elle était accompagnée de ses deux lions qui rappellent ses origines orientales.

Suivant une légende, cette corne mythique viendrait du Mont Ida en Crète où le roi des dieux Jupiter fut allaité. C’est la corne de la chèvre Amalthée, sa nourrice, qui s’est brisée pour devenir une source inépuisable de délices.

Sur un morceau de sculpture découvert au cimetière Saint-Vivien à Saintes, de beaux fruits en jaillissent avec un épi de blé ruisselant. La main d’une déesse baguée semble en retenir le flux alors que celle d’un petit enfant la tient encore à sa base.

Il faut se rappeler que dans la ville, les statues des dieux ont été trouvées décapitées, souvent jetées au fond des puits antiques. Parmi les divinités possédant la fameuse corne, Louis Maurin, président honoraire de la Société d’Archéologie, y décèle des déesses-mères. En particulier dans ces groupes de femmes en calcaire, assises par deux côte-à-côte sur des sièges, dont une dizaine sont sorties de terre depuis le XIXe siècle.

Habillées d’une longue tunique plissée, avec parfois un châle passé sur l’épaule et descendant sur les genoux, elles dévoilent de temps à autres une coupe à offrandes, des fruits, peut-être des gâteaux ou du pain..

Bien que ces couples de déesses paraissent très romaines par leurs vêtements et leurs attributs, elles sont pourtant bien santones, tel l’étrange dieu-masque, la tête hérissée de phallus qui les accompagne à l’occasion, comme symbole évident de fertilité.

Ce sont des « Matres » ou « Matronae », venant du monde celte et que l’on retrouve aussi en Italie du Nord, en Angleterre et même en Allemagne où un groupe de trois déesses-mères assises étaient vénérées. Certainement protectrices d’une tribu, d’un lieu ou d’une source sacrée, leur mythe et leur nom nous échappent presque toujours mais les nourritures terrestres qu’elles présentent, ainsi que les enfants qui les accompagnent ou qu’elles allaitent, en font des figures de la fécondité, maternelles et bienveillantes.

Elles apportent la prospérité comme la corne d’abondance, expression de leur nature généreuse.

 

Cédric Grené, guide conférencier, master d’histoire de l’art

 

 

* Intaille en cornaline à l’origine monté sur une bague pour servir de sceau, découverte « près du village des Arènes » dans les années 1940

Bibliographie :

L. Maurin, K. Robin, L. Tranoy, Saintes 17/2, coll. Carte Archéologique de la Gaule (dir. M. Provost), Gap, Académie des inscriptions et belles lettres, 2007, 439 p.

L. Maurin, M. Thauré, Saintes à la recherche de ses dieux, publication du Musée archéologique de Saintes, édité par la Société d’archéologie et d’histoire de la Charente Maritime, 1984, 38p.

M. TH. Raepsaert-Charlier, Culte et territoires, Mères et Matrones, dieux « celtiques » : quelques aspects de la religion dans les provinces romaines de Gaule et de Germanie à la lumière de travaux récents, Antiquité classique, 84, 2015, 226 p.

Photo en entête : Intaille de Thénac représentant la déesse Cybèle portant une corne d’abondance sur sa droite

Photo 2 : Corne d’abondance avec main de divinité posée sur les fruits, découverte au cimetière Saint-Vivien à Saintes (1843)

Photo 3 : Groupe de deux déesses-mères retrouvé au cimetière Saint-Vivien (1892), celle de droite tient une patère et une corne d’abondance (INV.49.440)

 

SEPTEMBRE – Grappe de verre

UNIS POUR SAINTES

Le temps des vendanges est arrivé suivant un héritage importé par les romains sur le territoire Santon où le vin fut largement produit et consommé. Cette fascination pour la vigne se retrouvait jusque dans des fioles de verre qui prirent l’apparence de grappes de raisin.

Ces petites bouteilles de moins de 20 cm, appelées « amphorisques », ont sans doute nécessité un fin support métallique pour tenir droit. Leur couleur bleutée ou bleu-vert vient de la teinte naturelle du verre lorsqu’il n’est pas décoloré par des procédés chimiques que les anciens maîtrisaient pourtant déjà. Nombre de ces fioles ont surtout été retrouvées dans le centre-ouest de la Gaule et dans la région de Cologne en Germanie qui est peut-être leur lieu de production aux Ier-IIème siècles de notre ère.

Musée Ste Croix - Nécropole des DunesIl faut dire que la technique du verre soufflé, largement développée à partir du règne d’Auguste, favorisa l’essor des ateliers de verriers dans l’Empire. Produit de luxe à l’origine, il devient courant dès le milieu du Ier siècle de notre ère lorsque des tonnes de lingots bruts, fondus d’abord essentiellement en Orient, se sont mis à transiter par bateaux sur les mers et les fleuves pour être ensuite transformés en produits finis dans des ateliers locaux : une véritable mondialisation avant l’heure.

Services de table, nécessaires de toilette ou contenants de liquides raffinés acquirent ainsi la transparence par ces avancées bien que la céramique, toujours moins chère à produire, restait dominante sur le marché. La fabrication de tesselles de mosaïque en verres multicolores, la création de vitres pour les maisons cossues mais surtout celle d’immenses baies vitrées pour les bâtiments publiques comme les thermes de Saint-Saloine font partie des indices les plus évidents de cette économie florissante.

Des membres de la Société d’Archéologie ont retrouvé à Saintes de nombreux témoignages de l’activité verrière dont deux ateliers dans le nord de la ville : un puits comblé de déchets industriels antiques contenant une trentaine de kilos de rebuts de verre fondu et brisé avec des moules en pierre dure pour fabriquer les fonds de bouteilles carrés. A « la Fenêtre », c’est le reste d’un four présentant des fragments de verres et des gouttes vitrifiées qui a été découvert, à une centaine de mètres du lieu où fut trouvée une fiole à la panse soufflée dans un moule en forme de grappe en négatif.

DSC_02122Cette amphorisque était inhumée avec quatre autres fioles et une tasse en verre dans une tombe de la nécropole fouillée par l’équipe de Jean-Philippe Baigl en 1995, en vue du percement de la rue Jacques Brel. L’objet, vraisemblablement rempli de vin, devait accompagner un enfant enseveli dans un cercueil dont on a retrouvé les clous mais dans lequel le corps a disparu. L’essentiel des pièces de verre exhumées aujourd’hui proviennent de sépultures antiques reflétant la prospérité de la Gaule jusqu’à la chute de l’Empire. Après cette période les rites funéraires changent, le verre disparaît progressivement des tombes et redevient un matériau d’exception avec le déclin des flux commerciaux.

Cédric Grené, guide conférencier, master d’histoire de l’art

Bibliographie :

BAIGL J.P., FARAGO-SZEKERES B., ROGER J., « Saintes, rue Jacques Brel, nécropole gallo-romaine », DSF de sauvetage urgent, Saintes, 1996.

HILLAIRET J.L., « L’artisanat antique à Saintes », Saintes, 1995, 175p.

Sites web :

Alienor.org

INRAP : Institut national de recherches archéologiques

Association française pour l’archéologie du verre

 

Photo en entête : Dessin de la grappe découverte à Saintes – P. Mornais

Photo 2 : Grappe de verre, Musée Sainte-Croix – Nécropole des Dunes à Poitiers

Photo 3 : Moule de fond de bouteille en calcaire – Puits Renaud Rousseau – 85 rue de la Boule à Saintes

AOÛT – Augustus

Bustes Auguste

Août, le mois le plus chaud de l’année, tire son nom d’Auguste. En français la relation entre les deux mots n’est pas flagrante alors qu’en anglais August rappelle le premier Empereur de Rome.

C’est en 8 avant notre ère que le Sénat propose de l’honorer ainsi. Ce n’était pas une première puisqu’à la mort de César, oncle et père adoptif d’Auguste, les oligarques avaient déjà donné au septième mois le nom de Julius, en mémoire du général assassiné.

Statue of August from Prima Porta. Musei Vaticani, Museo ChiaramCe nom d’Augustus est d’ailleurs un titre, encore une fois voté par les sénateurs, signifiant « le plus brillant » ou « le plus illustre » . C’est en -27 qu’Octave, puisque c’est son vrai nom, accepte ce titre et se pose en maître de ce qui est en train de devenir l’Empire romain, quatre ans après sa Victoire définitive sur Antoine et Cléopâtre.

Dès lors, son image est multipliée, en vue de propagande officielle. Différents modèles sont créés, le plus popularisé est celui du type « Prima Porta » du nom de la localité où fut retrouvée une statue monumentale en marbre de l’Imperator armé d’une cuirasse finement ouvragée. Auguste y est représenté avec des traits idéalisés suivant la tradition grecque classique mêlé de réalisme propre à la Rome républicaine. Sur près de deux cents portraits retrouvés, cent cinquante dérivent de ce type reconnaissable à une coiffure particulière aux mèches réparties de façon toujours identique sur le front.

DSC_0186rA Saintes dans les fondations de la tour Meslier, aujourd’hui rue des remparts, un buste en marbre de Carrare d’Auguste a été retrouvé en 1857. La coiffure présentant encore des traces de couleur brune correspond exactement à ce modèle italien. Sans doute sculptée à une période plus tardive, voire après la mort de l’Empereur, cette tête est ici ornée d’une couronne de chêne dite « couronne civique », une distinction honorifique décernée à ceux qui sauvaient la vie d’un citoyen romain. Liée à l’arrière par un ruban qui à l’origine revenait de chaque côté du cou, on distingue encore très bien le nœud d’Héraclès censé apporter force et protection. Des trous au revers de cette couronne étaient peut-être destinés à fixer un diadème à rayons comme celui de la statue de la liberté, mais il avait disparu depuis longtemps lors de la découverte du buste par des membres de la Société d’archéologie. La forme en obus de la base laisse penser que cette tête s’encastrait initialement dans un corps de marbre.

Témoin de la diffusion d’un modèle standardisé aux variantes plus ou moins notables, la tête d’Auguste s’est répétée comme une icône en marbre, pierre précieuse ou fresque et jusque sur les monnaies quotidiennes pour asseoir son pouvoir aux confins d’un Empire démesuré.

Maître du temps et de l’espace, il sera divinisé à sa mort.

Cédric Grené, guide conférencier, master d’histoire de l’art

Bibliographie :

A. Giardina et al., E. La Rocca (commissaire) et le Grand Palais, Paris, 2014, Auguste, Catalogue d’exposition (19 mars – 13 juillet 2014), Paris, Éd. de la RMN, 352 p.

L. Maurin, K. Robin, L. Tranoy, Saintes 17/2, coll. Carte Archéologique de la Gaule (dir. M. Provost), Gap, Académie des inscriptions et belles lettres, 2007, 439 p.

Photos en entête : De gauche à droite, bustes d’Auguste de Toulouse, de Saintes et de Munich

Auguste de Prima Porta

Auguste exposé au Musée archéologique de Saintes

JUILLET – Oscillum

Oscillum

Les températures montent en juillet, c’est le moment idéal pour profiter des jardins à l’ombre d’un arbre ou d’un parasol. Durant l’antiquité à Mediolanum, on s’abritait sous les portiques qui couraient sur les quatre côtés du jardin des plus belles maisons. Entre les colonnes alignées autour de l’espace vert, des oscilla de marbre étaient suspendus aux poutres.
En 1977, l’équipe dirigée par Louis Maurin, alors président de la Société d’Archéologie de Saintes, exhume un relief de marbre au profil de femme dans une résidence de l’élite santonne. Cette demeure construite au Ier siècle, mais déjà ruinée cent ans plus tard, les archéologues l’appellent « Ma Maison ». Elle est aujourd’hui localisée sous la Résidence des « Petites sœurs des pauvres » et l’école Émile Combe. De l’objet retrouvé au fond d’un puits, subsiste une grande partie du rectangle qui le composait, on reconnaît à l’arrière de la tête le cadre lisse qui le bordait. La pièce entière mesurait un pied romain, soit 29 cm et pouvait peser près de 3kg, elle était suspendue par une chaîne métallique comme en témoigne le trou au-dessus de la coiffure.
Mais à quoi servaient ces plaques de marbre qui oscillaient au gré du vent au-dessus des têtes ? Simplement à décorer… en suivant les codes d’une nouvelle culture.

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Ménade et silène ou masques de la tragédie et de la comédie – Musée du Capitole à Rome

De formes diverses mais souvent sculptés en disques de pierre, ils pouvaient être taillés en lourdes flûtes de Pan ou masques de théâtre. Le monde de Bacchus, divinité du vin et des représentations théâtrales, était un thème à la mode dans l’Empire romain et notre visage de femme, la coiffure prise dans un tissus noué au-dessus du front, est sans doute un masque. Il représente peut-être une ménade, une femme à la danse extatique qui accompagnait en musique le cortège du dieu de l’ivresse.

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Oscillum en terre cuite produit à La Palu – Musée archéologique de Saintes

Comme pour tout oscillum en marbre, au revers de la sculpture exposée à la lumière du jardin, on trouve un décor incisé qui était peint à l’origine pour être bien visible à l’ombre du portique. Là encore le faible relief appartient à l’univers de Bacchus avec un autel enflammé et un masque de silène grimaçant qui semble déjà abîmé par le divin nectar.

Si le marbre d’importation était prisé, des exemplaires en bois ou en céramique agrémentaient les maisons plus modestes, comme le bel oscillum circulaire en argile cuite exposé au musée archéologique de Saintes. Fabriqué en série sur les bords de la Charente* avec un moule imprimant sa forme à la terre locale, les artisans de la Palu diffusaient à travers la cité des images qui circulaient dans le tout le monde méditerranéen. Ici on découvre Vénus à sa toilette entourée de jeunes filles aussi dévêtues, un modèle qui a dû charmer les santons.
Cédric Grené, guide conférencier, master d’histoire de l’art
* Atelier de potiers du canal de dérivation à la Palud, actif de 30 à 160, fouillé en 1986 sous la direction de Guy Vienne
Bibliographie :
VERNOU Chr., « Eléments de sculpture Antique », art. in Revue Aquitania, supplément 3, p. 279-290, 1988, Bordeaux.
PAILLER J.M., Deux oscilla trouvés à Toulouse (quartier St Georges), art. In Revue archéologique de Narbonnaise, T. 16, p. 385 -393, 1983.
MAURIN L., ROBIN K., TRANOY L., Saintes 17/2, coll. Carte Archéologique de la Gaule (dir. M. Provost), Gap, Académie des inscriptions et belles lettres, 2007, 439 p.

Revers osc

Revers de l’oscillum – Tiré de l’article de Christian VERNOU dans Aquitania supplément n°3

JUIN – Opus musivum

Opus musivum 5

Cette année, c’est en juin que nous célébrons la fête des mères avec ses éternels colliers de nouilles et miroirs en coquillages. Si les romains étaient réputés pour leur bon goût et leurs arts somptueux mêlant marbres et bronzes précieux, eux aussi aimaient les décorations en coquillages et brillants. C’est l’opus musivum, un type de décor apparu en Italie à la fin du IIème siècle avant notre ère. Constitué de mosaïque en pâte de verre pour embellir murs et plafonds il était parfois incrusté de coquillages ou d’autres éléments colorés. Très répandu sur la péninsule au Ier siècle de notre ère, il se diffuse en Gaule à cette période. Généralement associé aux édifices d’eau, cet appareillage ornait de préférences des fontaines ou des thermes.
A Saintes, sur le coteau des Sables (près des ateliers municipaux de la rue Daniel Massiou), on a découvert des bassins dont certains étaient munis d’un escalier de quelques marches pour y descendre. L’un d’eux, fouillé en 1892 par un membre de la Société d’archéologie, Charles Dangibeaud, était rempli de fragments d’opus musivum. Des archéologues d’aujourd’hui y voient les piscines de thermes privés d’une riche maison romaine.

Opus musivumReconstitution d’un caisson du plafond décoré de l’Opus musivum des Sables à Saintes (S. Heidet) – CAG 17/2 p.114

FB_IMG_1589053826016Un décor luxueux, fait de quatre types de coquillages, formait des bandes concentriques octogonales et circulaires à fonds chatoyants, verts, jaunes et rouges. Des rocailles ocres, des tesselles de mosaïque en pâte de verre bleue et pierre blanche, ainsi que des boules de bleu égyptien* complétaient le décor. L’ensemble devait former les nombreux compartiments, appelés caissons, d’un plafond écroulé plus tard dans le bassin.
Typique du Ier siècle, cette manière de faire intégrant des matériaux hétérogènes se rapproche de la technique italienne et se retrouve également sur quelques autres sites en France. Dès le siècle suivant la mode tombe en désuétude dans son lieu d’origine, mais perdure en Gaule romaine. C’est surtout en Armorique au IIIème siècle que cet art connaît un grand succès avec pas moins de 33 décors retrouvés. Là, les coquillages plus variés sont disposés en semis réguliers sur des fonds contrastés aux couleurs très vives et cernés de noir.
Une fraction infime d’opus musivum est exposée actuellement au musée archéologique de Saintes, comme un rare témoignage de ce que l’on découvre, encore en place sur les fontaines de quelques riches demeures de Pompeï et Herculanum.
  Fontaine en opus musivum – Pompeï
  CASA della FONTANA PICCOLA
  Photo © Claudia Wildner
Cédric Grené, guide conférencier, master d’histoire de l’art
* Pigment de synthèse d’origine orientale, fabriqué à l’époque romaine dans la région de Naples. Les composants principaux sont le sable, le cuivre, le calcium et du potassium ou du sodium (Laëtitia Cavassa, A la recherche du bleu égyptien)
Bibliographie :
J. Boislève, F. Labaune-Jean, C. Dupont. Décors peints à incrustations de coquillages en Armorique romaine. Aremorica. Études sur l’ouest de la Gaule romaine, Centre de Recherche Bretonne et Celtique (CRBC), 2013, 5 pp.9-32
L. Maurin, K. Robin, L. Tranoy, Saintes 17/2, coll. Carte Archéologique de la Gaule (dir. M. Provost), Gap, Académie des inscriptions et belles lettres, 2007, 439 p.