Où fouillerez vous cet été ?

Participer à un chantier de fouille est sans doute la meilleure manière de s’initier à l’archéologie; C’est une excellente façon d’appréhender la réalité de terrain et d’apprendre les techniques de fouille, l’enregistrement et le traitement des données .

Où se renseigner dans la région

Services régionaux de l’archéologie – 54 rue Magendie-33074 Bordeaux cedex- Tél. 05 57 95 02 02.

Hôtel Malledent- 6 rue haute de la Comédie- 87036 Limoges Cedex- Tél. 05 55 45 66 00.

102 Grand’rue- 86020 Poitiers cedex-Tél. 05 49 36 30 00

et , sur le site du ministère de la culture …

Des chantiers nouveaux s’ouvrent toutes les semaines…

Fouilles de l’école Emile Combes en 1987 , parution de l’étude.

Revue archéologique de l’Ouest ( RAO)-n°36- 2019/2020

Presse Universitaires e Rennes : disponible auprès de l’éditeur-Prix 30€

Au sommaire 

-José Gomez de Soto, Christian Vernou, Jean-Louis Hillairet ( avec la collaboration d’Isabelle Kerouanton). La céramique d’une fosse du Bronze final IIIa du site de l’école Emile Combes à Saintes ( Charente-Maritime).

Communiqué de Jean-Louis Hillairet à propos de cette parution.

 » Cette étude est très importante pour la ville de Saintes car pour moi elle démontre que dès l’âge de Bronze Xe siècle avant J.-C , il y avait une occupation assez dense du plateau.

Il nous manque beaucoup de données sur la continuité d’occupation, mais dans le niveau supérieur de  cette fosse , il y avait de la céramique de l’âge de fer. Les différentes nécropoles protohistoriques autour de la ville ainsi que la céramique attique du Ve siècle avant J.-C recueillie à l’emplacement de l’ancienne maternité démontre une occupation continue jusqu’à l’arrivée des Romains.

Je pense que le jour où l’on pourra fouiller entre l’ancienne banque de France et la station Total, nous pourrions avoir les traces de cette continuité d’occupation. »

Île d’Oléron : y a-t-il un château sous la citadelle?

Un programme de recherches destiné à définir les conditions d’implantation de la citadelle moderne du château d’Oléron en Charente-Maritime, a été initié l’an dernier. les premières fouilles se sont déroulées en ce début d’automne 2020 et permettent déjà d’apporter de très nombreuses réponse.

Bâtie à partir de 1630 à la demande du cardinal de Richelieu par l’ingénieur d’Argencourt pour protéger les côtes charentaises , la citadelle de l’île d’Oléron a été plusieurs fois agrandie et remaniée aux XVIIe et XVIIIe siècles – notamment par Vauban en 1690. Erigée en lieu et place du château fort, connu par les sources dès le XIe siècle , elle voit sa surface originelle de 6,5 ha doubler en quelques décennies. En 2019 les premières investigations menées en parallèles d’une étude documentaire complète, ont consisté  en des prospections géophysiques ( Géocarta) qui  ont révélé plusieurs anomalies, correspondant entre autres à des casernements du XVIIe siècle ou à d’énormes trous de bombes liés au bombardement allié du 17 avril 1945. les fouilles devaient, quant à elles, permettre de mieux comprendre à quels types d’aménagement et à quelles périodes pouvaient se rapporter les anomalies restantes. La campagne 2020 s’est ainsi attachée à l’étude du sol de l’ouvrage à cornes construit sur ordre de Vauban et ovlitérant une parie de bourg médiéval, ainsi qu’à celle de la demi-lune royale , bastion défendant le pont et la porte royale datant des premières années de la citadelle.

Article de Bastien Gissenger, archéologue départemental de Charente-Maritime, UMR 7302 dans Archéologia de décembre 2020.

Photo : Dominique Abit

Saintes, de la cave au puits-nouvelles données sur un quartier de Mediolanum Santonum.

Une équipe d’archéologues de L’inrap mène actuellement une fouille en périphérie septentrionale de la ville antique de Saintes, une occasion de replonger dans l’histoire de Mediolanum Santonum, capitale provinciale dès le 1er siècle de notre ère, dont le patrimoine est déjà classé monument historique.

Découverte exceptionnelle d’une cave antique pour Saintes

Le mobilier abondant recueilli dans les nombreuses fosses dépotoirs présentes dans l’emprise de la fouille ainsi que le comblement d’une cave, permet de dater l’abandon du site entre 120 et 150 de notre ère. De grandes dimensions( 2,50 sur 3,50 m) et conservée sur 2,20m de profondeur) , elle possède encore ses marches d’accès et sa porte ( jambage et crapaudines). Contrairement à d’autres villes, Saintes n’avait pas encore fourni de cave!

La fouille du puits

Plus d’une centaine de puits romains ont été identifiés à Saintes depuis le XIXe Siècle. Le puits était la source d’alimentation en eau privilégiée pour la consommation quotidienne à l’époque romaine à Saintes. L’eau est sacrée, vitale pour la vie de l’homme.

La profondeur des puits dépend du contexte géologique notamment du niveau des nappes phréatiques. Ainsi pour le même secteur les profondeurs varient entre 15 et 40 m, celle de la rue Ambroise Daubonneau est de 18m.

Les rejets faits dans les puits lors de leur abandon, sont révélateurs du type d’occupation et d’activité de leur environnement. D’où le grand intérêt de fouiller ces structures en plus de l’exceptionnel état de conservation des vestiges organiques, préservés par la présence de l’eau. Rue Ambroise Daubonneau ont été découverts des végétaux tassés, des fragments de noisettes, de noix, des pommes de pin entières, du cuir et même des feuilles encore vertes…!

Ces vestiges sont rares et leur excellent état de conservation va permettre aux archéologues de pousser les analyses sur les parasites, les insectes, les graines, les pollens, les plantes utilisées (pour les teintures, par exemples) et permettre de dire quelles activités ( élevage, tissage..) se déroulaient autour de ce puits.

Fusaïoles trouvées dans le puits

Les responsables scientifiques :

Jean-Philippe Baigl , Archéologue INRAP ( auteur des photos)

Christophe Tardy -CISAP-INRAP

Le CISAP est la cellule d’intervention sur les structures archéologiques profondes de l’Inrap, constituée d’archéologues spécialement formés à la fouille des structures profondes, elle intervient sur l’ensemble du territoire national en complément des opérations de terrain en cours de fouille.

Résultat scientifique du diagnostic archéologique de l’Inrap autour de l’église Saint-Eutrope

Dans le cadre du projet de réhabilitation et de mise en valeur de l’église Saint-Eutrope, la ville de Saintes a fait une demande de diagnostic archéologique , en vue de l’étude sanitaire du monument, dirigée par Christophe Amiot (ACMH) et le cabinet d’architectes SUNMETRON.

L’intervention archéologique, sous la direction d’Adrien Montigny (INRAP), s’est déroulée du 14 mai au 1er juin 2018. L’équipe était constituée de cinq archéologues, dont trois membres du Programme Collectif de Recherches sur Saint-Eutrope dirigé depuis 2016 par Christiane Gensbeitel (Vincent Miailhe, Adrien Montigny et Jean-Paul Nibodeau).

SaintEutropeOrtho-image du chevet nord issue de la photogrammétrie de Vincent Miailhe

Joyau de l’art roman en Saintonge, c’est au XIIe siècle que l’église est achevée par les Clunisiens. Au XVe s. une chapelle gothique se greffe sur le chevet roman, et le bras nord du transept est reconstruit pour supporter le clocher flamboyant. La nef est démolie en 1803 en raison de son état de délabrement. Une nouvelle façade de style néo-roman est érigée une trentaine d’année plus tard, cette construction englobe aussi le bras sud du transept supprimant le clocher roman de la croisée du transept. Aujourd’hui, de l’église , il ne reste que le chœur et le bras du transept. Cet ouvrage s’intègre dans un complexe abbatial, dont l’origine remonte au VIe s. dédié à la mémoire d’Eutrope premier évêque de Saintes.

L’emprise du diagnostic se positionne à l’emplacement de la nef de l’église à trois vaisseaux, se situant sous le parking actuel, aux abords du chevet et dans la crypte. Dix neuf sondages ont été ouverts dans ces trois secteurs, neuf ont été relevés par photogrammétrie et ils sont présentés dans le modèle 3D https://skfb.ly/6RRDV afin de permettre au lecteur une meilleure compréhension de la stratigraphie du site.

StEutrope_Niv-1Plan des sondages archéologiques réalisés par l’Inrap en mai/juin 2018 – DAO Vincent Miailhe

Le premier constat est l’excellent état de conservation des vestiges mis au jour lors de notre intervention. Le second est la densité de ces vestiges ne permettant pas toujours d’atteindre le substrat rocheux et de ce fait, d’observer dans son intégralité la séquence stratigraphique du site. Ces vestiges correspondent essentiellement à des structures funéraires et des maçonneries s’échelonnant de l’Antiquité tardive au XIXe s.

Si la présence d’une nécropole du haut Moyen Age est connue par l’historiographie et les observations des années 80 lors de travaux de voirie, ce diagnostic a bien confirmé sa présence et il a permis de mieux en estimer l’étendue. La nécropole est présente sur toute la partie septentrionale du site (Tr. 2, 3 et 15) et quelques éléments subsistent dans le vaisseau de l’église (Tr. 17). La plupart des sépultures antérieures à la construction de l’église romane sont des sarcophages monolithes avec leur couvercle et présentent une grande organisation dans leur alignement comme on peut l’observer à l’extrémité nord de la tranchée 3, aucune de ces sépultures n’a été fouillée. L’architecture funéraire change après le haut Moyen Age, le sarcophage monolithe laisse sa place à la sépulture en coffre, pleine terre ou bien cercueil en bois, élément qu’on observe à l’intérieur de la crypte. L’occupation funéraire semble se poursuivre jusqu’au XVIIIe s. sans hiatus.

St Eutrope Tr18-Coupe1_50Othophoto de la demi-colonne engagée de la nef sur le mur gouttereau sud de la nef (Tranchée 18)

Le parvis actuel a bien entendu livré des vestiges de nef disparue au début du XIXe s. Les murs gouttereaux des collatéraux nord (Tr. 14, 15 et 16) et sud (Tr. 17 et 18) ont pu être observés dans ces sondages et ils permettent de dresser un plan de l’édifice roman. Certains de ces vestiges étaient connus par d’anciennes interventions. C’est le cas du plan de l’église relevé en 1716 par Claude Masse, puis en 1880, par l’abbé Ludovic Julien-Lafferrière, la mise au jour du mur gouttereau sud avec l’appui d’un cliché photographique. Les sondages sur l’actuel parvis ont permis d’affiner le plan et, élément qui ne figure pas sur le plan de 1716, d’apporter des informations d’ordre altimétrique. En effet, la particularité de cet édifice réside dans l’organisation de ses espaces de circulation entre le chœur, la nef et la crypte qui sont à des niveaux différents, la nef étant sur un plan intermédiaire. Outre les éléments liés à l’église romane et au contexte funéraire, des maçonneries ont été mises au jour dans la tranchée 17 ; elles sont antérieures à la construction du XIIe s. mais restent dans une fourchette chronologique large comprise entre l’antiquité tardive et le haut Moyen-Âge.

St-Eutrope Detail-PlanMasseDétail de l’église Saint-Eutrope sur un plan de Claude Masse de 1716

La crypte, ce remarquable édifice de la fin du XIe s. est divisé en trois vaisseaux et un déambulatoire qui s’ouvre sur trois chapelles. Elle est dotée aussi d’un vaste transept dont l’accès se fait par le bras nord de ce dernier en raison de la destruction de la nef centrale. Un programme de remise en service de son entrée d’origine avait été lancé au cours du XIXe s. mais est resté inachevé. Cet espace, l’avant crypte, est une pièce non accessible au public pour des raisons de sécurité, situé sous le parking, donc dans la nef centrale. Trois sondages (Tr. 10 à 12) ont été implantés afin d’apporter des informations relatives à la circulation entre la nef et la crypte. Si la densité des vestiges nous a compliqué la tâche lors de ces trois semaines d’étude, ça n’a pas été le cas à l’intérieur de la crypte où le substrat apparait à moins de 20 cm du sol actuel (Tr. 9). Néanmoins quelques structures fossoyées subsistent dont certaines sont attribuées à des sépultures et d’autres en relation avec la construction de la crypte. Quant aux sondages de l’avant crypte, ils permettent de confirmer que l’accès à la crypte se faisait par la nef centrale en empruntant une rampe entaillée dans le rocher (Tr. 10)

On note la présence d’une imposante maçonnerie dans la tranchée 3 pouvant être associée à l’édifice circulaire figuré sur le plan de 1716. Un sondage complémentaire a été réalisé par Jean-Luc Piat dans le cadre du PCR ( voir l’article de notre site : découverte d’une chapelle funéraire à Saint-Eutrope de Saintes).

Ce diagnostic apporte de nombreuses informations mais aussi de nouveaux questionnements à la fois sur le monument et sur l’occupation du site au sens large. Les réponses ne se trouvent pas dans cette opération de diagnostic, des études plus approfondies seront sans doute nécessaires pour mieux connaître l’histoire du site de Saint-Eutrope.

Vincent Miailhe

Pour visualiser le modèle 3D de la façade romane : https://skfb.ly/6zSuU et des sondages archéologiques : https://skfb.ly/6RRDV

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Saintes, rue Bernard.

Saintes, rue Bernard.

Jean-Philippe Baigl

Avant la construction du projet d’extension de l’EHPAD de la Providence à Saintes, un diagnostic archéologique réalisé en 2012 avait permis d’identifier plusieurs phases d’occupation depuis la période antique jusqu’à l’Epoque moderne, donnant ainsi lieu à une campagne de fouille ( fig.1). Effectuée par une équipe d’une dizaine d’archéologues de l’Inrap cette opération a débuté le 13 janvier 2014 pour se terminer au mois d’août.

FProvidence Fig 1

Figure 1 – Vue générale de la fouille lors du décapage des niveaux antiques (cliché G. Lavoix)

D’une superficie de 2 500m², l’emprise de la fouille occupe le bord oriental du promontoire qui domine le cœur ancien de la ville de Saintes.

Les nombreuses découvertes effectuées dans ce quartier depuis la fin du XIXè siècle témoignent d’une densité importante de vestiges remontant aux origines de la ville. Toutefois, hormis les opérations préalables à la construction de l’hôpital Saint-Louis dans les années 1970, aucune fouille préventive d’envergure n’avait été réalisée dans le centre de la cité antique. Cette opération offre donc l’opportunité d’obtenir des données inédites sur les origines de la ville, les prémices de son urbanisation, le développement et l’évolution de la trame urbaine depuis l’Antiquité jusqu’à l’Epoque moderne, ainsi que sur l’histoire des fortifications de la ville et de son château.

Les niveaux anciens

Les vestiges les plus anciens concernent des traces fugaces d’occupation de la fin de l’Âge de Bronze ou au début de l’Âge du fer : il s’agit le plus souvent de tessons de céramique retrouvés de manière erratique au sein des occupations postérieures ou au niveau du paléosol. Les premières structures organisées concernent des constructions sur poteaux ou sablières présentes sur toutes les zones explorées exhaustivement, indiquant une occupation du secteur vers le milieu du 1er siècle av. J.-C ( à confirmer par l’étude non encore effectuée du mobilier). La structuration de l’espace par niveaux de circulation apparaît à l’époque augusto-tibérienne conjointement à la densification de l’occupation.

Un îlot urbain du Ier au IIIè siècle.

Les recherches ont révélé l’existence d’un îlot urbain situé à l’angle de deux rues ( fig.2), toutes deux bordées par un égout et un portique; ce trottoir couvert est séparé de la rue par une colonnade. les recharges successives de galets, silex ou fragments de tuiles qui constituent les niveaux de circulation de la voie témoignent d’une utilisation fréquente et ancienne. La voie est-ouest parait secondaire à celle d’axe nord-sud qui doit correspondre au cardo qui, en se prolongeant vers le nord, dessert les thermes de Saint-Saloine d’un côté et de l’autre un quartier périphérique antique, objet d’une fouille fin 2013 rue Daniel Massiou.

Le bâtiment dégagé à l’angle des deux rues montre de grands espaces rectangulaires voués en partie à une activité artisanale ( travail des métaux) et peut-être aussi commerciale. Un autre ensemble séparé du premier par une cour a été dégagé plus à l’est. Une pièce donnant sur la voie décumane dessert une composition monumentale dégagée seulement partiellement et qui montre notamment une pièce à abside richement ornementée ( placage de marbre, pilastres moulurés,….).

Providence plan fig2

Figure 2 – Plan schématique des principaux vestiges du Ier au IIIè s, ap.J.-C. ( J.-P.Baigl, G. Lavoix, P.Neuvy, J.-S.Torchut, Inrap)

La construction du rempart ( fin du IIIè s./début du IVè siècle)

L’organisation de l’îlot urbain perdure jusqu’au IIIè s. pour disparaître lors de la construction de l’enceinte urbaine vers la fin du IIIè siècle vraisemblablement. Le tracé du rempart, encore visible à l’angle de la rue Bernard et de la place du 11 Novembre, se poursuit vers le nord , sous le parking le long du mur de clôture occidental de la Providence, qui constitue la limite de la fouille, la situant ainsi à l’intérieur de l’enceinte.

L’îlot est progressivement détruit comme la plupart des monuments anciens de la ville ( édifices publics, temples, mausolée,…) avec une récupération des matériaux qui serviront à la construction de la fondation du rempart. Plusieurs blocs d’architecture, colonnes essentiellement, ont été découverts lors de l’exploration.

Le rempart n’est pas visible sur la fouille puisqu’il se situe quelques mètres plus à l’ouest donnant donc l’opportunité d’étudier les abords immédiats de l’intérieur de l’enceinte. Un talus interne adossé au pied de la fortification a ainsi pi être identifié.

La réorganisation de la ville à l’époque médiévale

Cette zone zone au pied du rempart restera vierge de toute construction jusqu’au VIIIè/Xè siècle. A partir de cette période qui peut s’étendre jusqu’au XIIè siècle, l’espace vraisemblablement voué à des jardins est percé d’une multitude de fosses( silos, latrines, dépotoirs) indiquant une toute proche occupation : l’analyse du matériel permettra peut-être de savoir s’il s’agit d’un habitat civil ou des phases anciennes du château ( fig. 3).

Providence plan fig3

Figure 3 – Plan synthétique de l’occupation médiévale (J.-P. Baigl, G.Lavoix, P. Neury, J.-S. Torchut, Inrap)

Des voies se dirigeant vers l’angle nord-ouest du site témoignent probablement d’un accès à celui-ci. Si aucune construction n’a été observée dans ce secteur en liaison avec les fosses, à partir du XIIIè s.se développe un bâti avec des constructions de diverses qualités. Au sud et à l’ouest, des bâtiments sont élevés en moellons montés à la terre ( fig.3, A-B-C-D-E), alors qu’au centre de l’espace un bâtiment en pierres de taille liées au mortier de chaux est élevé sur un cellier semi-enterré ( fig.3, F.G). Ce dernier subit une reconstruction totale avec une extension vers l’ouest avant d’être abandonné dans le courant du XIVè s. comme semble-t-il, le reste du terrain sous réserve de l’étude complète du mobilier céramique.

Providence

Vue vers le nord-ouest, d’une des tours du château et de son escarpe talutée. A droite, l’escarpe a été détruite par une carrière moderne (cliché J-P Nibodeau Inrap).

Jean-Philippe Baigl, archéologue INRAP, responsable de la fouille donnera une conférence sur ce thème quand nous serons sortis de l’urgence sanitaire actuelle.

Article publié dans le bulletin SahCM n°42 de 2015 disponible à la vente sur ce lien

Diagnostic archéologique et mise en valeur du château de Bouteville

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Suite à la conférence de Jean-Paul Gaillard sur le château de Bouteville, le 22 février 2020, puis de la sortie organisée par la SahCM pour ses adhérents le 7 mars 2020 ( voir l’article dans la rubrique : « sorties » du site), Vincent Miailhe , archéologue et topographe à l’INRAP, partage la photogrammétrie (3D) de son intervention sur le château avec Adrien Montigny, archéologue à l’INRAP, lors d’un diagnostic archéologique réalisé en 2019. Ce diagnostic a permis de mettre au jour le donjon roman et d’autres éléments de la fortification médiévale, enceinte et piles du pont levis.

Un château, près de 2000 ans d’histoire

Le château de Bouteville a été l’une des plus importantes places fortes de Charente au Moyen-Âge et l’un de ses plus fastueux château au XVIIème siècle. Occupée dès la fin de l’époque gallo-romaine, la colline de Bouteville est fortifiée dès le Xème siècle. Le château du Moyen-Âge sera démoli pendant les Guerres de religion, reconstruit sous la Renaissance, achevé vers 1624 et deviendra une prison en 1794. Il est délaissé au XIXème siècle. Classé au titre des Monuments Historiques depuis 1984. Le château bénéficie aujourd’hui de travaux de consolidation , de restauration et de valorisation grâce à l’engagement de la Communauté d’agglomération de grand Cognac,  de la commune de Bouteville, au soutien de la Fondation du Patrimoine et de la mission Bern, ainsi que de la participation de l’association de Sauvegarde du Patrimoine de Bouteville.

Diagnostic archéologique de l’INRAP en 2019

Dans le cadre du projet de restauration et de mise en valeur du château de Bouteville par le communauté d’agglomération du grand Cognac, un diagnostic archéologique, dirigé par Adrien Montigny (INRAP), a été réalisé à l’intérieur de l’enceinte du château. Le premier château aurait été établi par les comtes d’Angoulême au début du Xème siècle, pour se protéger des invasions Normandes. Le château subira de nombreuses transformations au cours de la période médiévale et il sera durement abîmé pendant les guerres de religion. Un nouveau château sera construit mais il restera inachevé. Le château actuel est composé de 3 corps de bâtiment du XVIIème siècle autour d’une cour-terrasse et il ne conserve que peu d’éléments médiévaux visibles en élévation mis à part la topographie du terrain. L’intervention a permis de mettre à jour certains éléments du château médiéval dans plusieurs sondages, tels que le donjon (Tr.6 et 14), un glacis et le premier fossé (Tr.8) et une entrée dotée d’une barbacane (Tr.9).

Bouteville Inrap

L’archéologue et topographe Vincent Miailhe a réalisé une image 3D de son intervention sur le château de Bouteville à découvrir sur ce lien.

Découverte d’une chapelle funéraire à St Eutrope de Saintes.

Visite Piat

Dans le cadre du Programme Commun de Recherches sur Saint-Eutrope de Saintes, mené depuis 2017 par Christian Gensbeitel, maître de conférence à l’université Montaigne Bordeaux III, Jean-Luc Piat, archéologue de la société Eveha a réalisé en deux jours une fouille programmée le long du chevet nord de la basilique Saint-Eutrope. L’objectif était de retrouver et de comprendre les vestiges d’un bâti circulaire représenté sur un plan de Claude Masse daté de 1715 et sur une estampe de Félix Benoist au XIXe siècle.

Une chapelle funéraire

Ce bâtiment circulaire est représenté sur le plan de Claude masse en 1715 à proximité du chevet de Saint-Eutrope, sans aucune indication sur sa destination. La fouille a permis d’en retrouver les fondations et de les étudier.Cette tour avait un diamètre de 5,30 mètres. Le mur intérieur concave indique la présence d’une voûte en coupole. Jean-Luc Piat estime la hauteur d’origine de cette salle à 5, 70 mètres et la hauteur de la tour à une quinzaine de mètres. L’analyse de l’ensemble permet à l’archéologue de donner une première estimation de datation entre le XIIe et le XIXe siècle. La datation pourra être affinée en post-fouille avec l’étude du mobilier archéologique.

La topographie du lieu, contre le chevet et dans l’enceinte du cimetière médiéval, la similitude de la configuration avec la lanterne des morts de Sarlat, une chapelle sépulcrale de la fin du XIIe, située dans le cimetière saint-Benoit, derrière le chevet de la cathédrale Saint-Sacerdos, mène Jean-Luc Piat à penser que ce bâtiment pourrait être une chapelle funéraire. Le plan centré représenterait symboliquement le tombeau du Christ.

Afin de ne pas perturber les messes des pèlerins de Compostelle qui avaient lieu toutes les heures dans l’église basse de la basilique, les moines auraient construit cette chapelle secondaire afin d’assurer les messes funéraires, et gérer les inhumations du cimetière.

Sarcophages mérovingiens et médiévaux

La chapelle funéraire est située dans l’enceinte du cimetière médiéval. La parcelle fouillée a également mis au jour quatre sarcophages de différentes époques. Le chevauchement des différents éléments permet de les hiérarchiser . Les deux plus anciens sont mérovingiens car situés sous les remblais de la fin du XIe siècle ( celui du creusement de la crypte), Jean-Luc Piat les estime entre le VIIe et le Xe siècle. Ils ont été coupés lors de la construction de la chapelle funéraire. Un troisième sarcophage a été creusé dans les remblais du XIe siècle, l’archéologue l’estime donc entre le XIIe et le XIVe siècle. Un quatrième sarcophage a été installé le long de la maçonnerie de la tour, l’archéologue en déduit qu’il est postérieur à la construction de la chapelle. Le choix a été fait de ne pas approfondir les recherches sur ces inhumations, par manque de temps et parce que l’objet des recherches était la chapelle. L’intérieur des sarcophages n’a pas été fouillé.

La réoccupation du début du XIXe siècle

Un immeuble a été construit sur l’emplacement de la chapelle au début du XIXe siècle, sous Napoléon Ier. Le dallage visible à l’intérieur du bâti circulaire est le plafond d’une fosse d’assainissement aménagée dans la chapelle. C’est dans ce bâtiment que se trouvait la célèbre boulangerie Boulestier jusqu’aux années 1970 avant de déménager à son emplacement actuel. C’est en 1977 que le bâtiment sera rasé et les vestiges de la chapelle recouverts.

Article de Romain Charrier , publié avec l’accord de Jean-Luc Piat, archéologue ( Eveha).

Archéologie terrain de : Jean-François Mariotti.

jfm

de jean-François Mariotti :  » J’ai le plaisir de vous adresser le « doodle » pour s’inscrire sur les journées de prospections pédestres qui auront pour terrain de jeu la colline boisée qui domine la zone portuaire immergée dans le fleuve Charente sur la commune de Taillebourg.Un relevé Lidar a été exploité et livre un certain nombre d’anomalies à identifier. Le but est de découvrir une occupation en lien avec le port Carolingien ( et peut-être Viking) découvert en 2001. Les prospections seront dirigées par Martine Menispitouli, archéologue travaillant sur le château de Taillebourg ».

Trouver le « doodle » dans la rubrique « liens » du site

jean-françois.mariotti@culture.gouv.fr