Premiers sondages dans l’amphithéâtre antique de Saintes.

Les sondages  sont réalisés par le Service départemental de la Charente Maritime , sous la direction de l’archéologue Bastien Gissinger , avec le concours de l’Institut national de la recherche archéologique, entre le 14 juin et le début juillet.

Ils mettent en lumière de gros problèmes d’infiltration et de gestion de l’eau dans l’arène ( fond de l’amphithéâtre).

Un drainage antique entourait l’arène , relié à un égout central qui acheminait l’eau vers la Charente. Cet égout ensablé et  » c’est un bâteau qui prend l’eau d’un peu partout  » explique Bastien Gissinger. L’édifice est alors en péril ( inondé régulièrement en hiver).

La restauration du site de l’amphithéâtre est prévue jusqu’en 2023.

Trois phases sont prévues 

  • l’assainissement dont on a noté l’importance et la mise en place d’un système d’évacuation des eaux pluviales.
  • La restauration de la porte orientale dite des « vivants » , ses travées adjacentes , consolidation des arcs et voûtes , reprise des arases , parements verticaux et traitement de la végétation invasive. La restauration de la porte occidentale , dite porte  » des morts  » , travées , arcs et voûtes , drainage des eaux pluviales , reprise des arases , parements et gestion de la végétation.
  • Enfin , la dernière phase concernera la restauration du mur « podium » et des escaliers d’accès. 
  • Le budget « estimé » pour la restauration du site est de 4,5 millions d’euros , financé par l’état, la région , le département, la ville , avec le soutien de la Fondation du Patrimoine et la banque des territoires.
  • Un appel d’offre est lancé jusqu’au 16 juillet pour la réalisation des travaux.
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  • Bastien Gissinger -Photo R . Charrier.

Où fouillerez vous cet été ?

Participer à un chantier de fouille est sans doute la meilleure manière de s’initier à l’archéologie; C’est une excellente façon d’appréhender la réalité de terrain et d’apprendre les techniques de fouille, l’enregistrement et le traitement des données .

Où se renseigner dans la région

Services régionaux de l’archéologie – 54 rue Magendie-33074 Bordeaux cedex- Tél. 05 57 95 02 02.

Hôtel Malledent- 6 rue haute de la Comédie- 87036 Limoges Cedex- Tél. 05 55 45 66 00.

102 Grand’rue- 86020 Poitiers cedex-Tél. 05 49 36 30 00

et , sur le site du ministère de la culture …

Des chantiers nouveaux s’ouvrent toutes les semaines…

Aqueducs de Saintes : reportage de France 3

« En immersion dans l’aqueduc de Saintes , l’un des plus ancien de France »

Le reportage du 5 mars 2021 de France 3 a porté sur les travaux de numérisation 3D de l’aqueduc par des étudiants en topographie et des bénévoles de la Société d’archéologie et d’histoire de la Charente-Maritime.

Témoignage de Vincent Miailhe , archéologue -topographe , membre de la SahCM :

 » Vous avez une alternance de constructions maçonnées , il s’agit d’une voûte en berceau, directement taillée dans la roche. La voûte est en très bon état, vous avez un mortier qui n’a pas bougé , aucune pierre ne tombe, c’est un tunnel qui a plus de 2000 ans. Les techniques romaines de construction ont toujours été exceptionnelles et ce sont des romains qui l’ont construit. »

Fouilles de l’école Emile Combes en 1987 , parution de l’étude.

Revue archéologique de l’Ouest ( RAO)-n°36- 2019/2020

Presse Universitaires e Rennes : disponible auprès de l’éditeur-Prix 30€

Au sommaire 

-José Gomez de Soto, Christian Vernou, Jean-Louis Hillairet ( avec la collaboration d’Isabelle Kerouanton). La céramique d’une fosse du Bronze final IIIa du site de l’école Emile Combes à Saintes ( Charente-Maritime).

Communiqué de Jean-Louis Hillairet à propos de cette parution.

 » Cette étude est très importante pour la ville de Saintes car pour moi elle démontre que dès l’âge de Bronze Xe siècle avant J.-C , il y avait une occupation assez dense du plateau.

Il nous manque beaucoup de données sur la continuité d’occupation, mais dans le niveau supérieur de  cette fosse , il y avait de la céramique de l’âge de fer. Les différentes nécropoles protohistoriques autour de la ville ainsi que la céramique attique du Ve siècle avant J.-C recueillie à l’emplacement de l’ancienne maternité démontre une occupation continue jusqu’à l’arrivée des Romains.

Je pense que le jour où l’on pourra fouiller entre l’ancienne banque de France et la station Total, nous pourrions avoir les traces de cette continuité d’occupation. »

Premier aqueduc : traversée de la Charente.

Proposition de restitution par Jean-Louis Hillairet du pont siphon et du siphon passant au fond du lit de la Charente pour le premier aqueduc. 

 » Nos observations à la « Grève », nous permettent de préciser d’une part, que le point d’arrivée à Saintes du deuxième aqueduc est plus haut d’environ 60 cm ( à découvrir) , par rapport au dernier point connu du premier. De cette constatation , nous pouvons penser que le castellum aquae de fuite du second aqueduc est lui aussi plus haut par rapport à celui du premier, afin de pouvoir distribuer l’eau à une plus grande partie de la ville.

Au vu de l’emplacement du point d’arrivée du second aqueduc , de la hauteur de départ plus haute, et du poids ( 4 fois plus élevée), nous pensons qu’il a été nécessaire à cet endroit de réaliser un nouvel ensemble de pont aqueduc avec un nouveau réservoir de chasse ( plus haut) , un pont siphon, et une nouvelle tour de changement de direction, puis un nouveau siphon traversant également la Charente avec un nouveau réservoir de fuite.

Pour appuyer cette dernière hypothèse , il se trouve que la plate forme de l’aqueduc, reconnue dans les années 1950, ne se trouve pas dans le prolongement du pont fouillé récemment, mais plus éloignée d’une dizaine de mètres vers l’est.

De ce fait, l’expertise archéologique est passée au travers de ce tracé. sans doute que la tranchée réalisée a été faite à l’emplacement d’une arcade ».

 » Faisant suite à mon hypothèse, la carte de Saintes ( ci-dessous) , avec le parcours des aqueducs , l’emplacement des fouilles et observations réalisées , afin de mettre en évidence l’existence obligatoire d’un autre pont siphon pour le deuxième aqueduc « .

Île d’Oléron : y a-t-il un château sous la citadelle?

Un programme de recherches destiné à définir les conditions d’implantation de la citadelle moderne du château d’Oléron en Charente-Maritime, a été initié l’an dernier. les premières fouilles se sont déroulées en ce début d’automne 2020 et permettent déjà d’apporter de très nombreuses réponse.

Bâtie à partir de 1630 à la demande du cardinal de Richelieu par l’ingénieur d’Argencourt pour protéger les côtes charentaises , la citadelle de l’île d’Oléron a été plusieurs fois agrandie et remaniée aux XVIIe et XVIIIe siècles – notamment par Vauban en 1690. Erigée en lieu et place du château fort, connu par les sources dès le XIe siècle , elle voit sa surface originelle de 6,5 ha doubler en quelques décennies. En 2019 les premières investigations menées en parallèles d’une étude documentaire complète, ont consisté  en des prospections géophysiques ( Géocarta) qui  ont révélé plusieurs anomalies, correspondant entre autres à des casernements du XVIIe siècle ou à d’énormes trous de bombes liés au bombardement allié du 17 avril 1945. les fouilles devaient, quant à elles, permettre de mieux comprendre à quels types d’aménagement et à quelles périodes pouvaient se rapporter les anomalies restantes. La campagne 2020 s’est ainsi attachée à l’étude du sol de l’ouvrage à cornes construit sur ordre de Vauban et ovlitérant une parie de bourg médiéval, ainsi qu’à celle de la demi-lune royale , bastion défendant le pont et la porte royale datant des premières années de la citadelle.

Article de Bastien Gissenger, archéologue départemental de Charente-Maritime, UMR 7302 dans Archéologia de décembre 2020.

Photo : Dominique Abit

Saintes, de la cave au puits-nouvelles données sur un quartier de Mediolanum Santonum.

Une équipe d’archéologues de L’inrap mène actuellement une fouille en périphérie septentrionale de la ville antique de Saintes, une occasion de replonger dans l’histoire de Mediolanum Santonum, capitale provinciale dès le 1er siècle de notre ère, dont le patrimoine est déjà classé monument historique.

Découverte exceptionnelle d’une cave antique pour Saintes

Le mobilier abondant recueilli dans les nombreuses fosses dépotoirs présentes dans l’emprise de la fouille ainsi que le comblement d’une cave, permet de dater l’abandon du site entre 120 et 150 de notre ère. De grandes dimensions( 2,50 sur 3,50 m) et conservée sur 2,20m de profondeur) , elle possède encore ses marches d’accès et sa porte ( jambage et crapaudines). Contrairement à d’autres villes, Saintes n’avait pas encore fourni de cave!

La fouille du puits

Plus d’une centaine de puits romains ont été identifiés à Saintes depuis le XIXe Siècle. Le puits était la source d’alimentation en eau privilégiée pour la consommation quotidienne à l’époque romaine à Saintes. L’eau est sacrée, vitale pour la vie de l’homme.

La profondeur des puits dépend du contexte géologique notamment du niveau des nappes phréatiques. Ainsi pour le même secteur les profondeurs varient entre 15 et 40 m, celle de la rue Ambroise Daubonneau est de 18m.

Les rejets faits dans les puits lors de leur abandon, sont révélateurs du type d’occupation et d’activité de leur environnement. D’où le grand intérêt de fouiller ces structures en plus de l’exceptionnel état de conservation des vestiges organiques, préservés par la présence de l’eau. Rue Ambroise Daubonneau ont été découverts des végétaux tassés, des fragments de noisettes, de noix, des pommes de pin entières, du cuir et même des feuilles encore vertes…!

Ces vestiges sont rares et leur excellent état de conservation va permettre aux archéologues de pousser les analyses sur les parasites, les insectes, les graines, les pollens, les plantes utilisées (pour les teintures, par exemples) et permettre de dire quelles activités ( élevage, tissage..) se déroulaient autour de ce puits.

Fusaïoles trouvées dans le puits

Les responsables scientifiques :

Jean-Philippe Baigl , Archéologue INRAP ( auteur des photos)

Christophe Tardy -CISAP-INRAP

Le CISAP est la cellule d’intervention sur les structures archéologiques profondes de l’Inrap, constituée d’archéologues spécialement formés à la fouille des structures profondes, elle intervient sur l’ensemble du territoire national en complément des opérations de terrain en cours de fouille.

Site archéologique : Le baptistère paléochrétien du Douhet

Écrit par Romain CHARRIER et Jean-Louis HILLAIRET

Un baptistère paléochrétien se dévoile dans un lavoir

Le baptistère est accessible en 3D sur le lien suivant : https://skfb.ly/6UVRL.  Pour visualiser le modèle 3D : clic gauche maintenu avec le bouton de la souris pour la rotation, clic droit maintenu pour les translations et la molette pour avancer et reculer – Pour les tablettes et smartphones, un doigt pour faire tourner, deux doigts fixes pour les translations et doigts écartés/rapprochés pour zoomer

A 160 m de la Grand-Font, sur la commune de Le Douhet (Charente-Maritime), se trouve un lieu énigmatique. Une excavation taillée dans le rocher calcaire dessine un bâtiment de plan rectangulaire, accolé à l’aqueduc antique qui alimentait Saintes. Ce lieu dévoile de nombreux graffitis paléochrétiens tels qu’un chrisme entouré d’un alpha et d’un oméga, plusieurs poissons, symbole des premiers chrétiens, une croix également entourée d’un alpha et d’un oméga, une croix sur socle et diverses autres inscriptions. A cela s’ajoute une cathèdre monolithique également marquée sur son repose pied d’une croix et d’un M gravé rappelant peut-être l’initiale de Saint-Martial, évêque de Limoges au IIIe siècle de notre ère, dont l’église du Douhet lui est consacrée.

Le baptistère avec ses poissons paléochrétiens, sa cathèdre, sa piscine réutilisée en lavoir et le captage dans l’aqueduc antique

La piscine baptismale a été recalibrée au XIXe siècle pour aménager le bassin du lavoir. La salle du captage de l’eau dans l’aqueduc est au sud (derrière le cathèdre). Le lavoir est alimenté par une canalisation prenant l’eau de l’aqueduc au fond du conduit antique. Une seconde canalisation située 30cm plus haut, correspondait à l’alimentation primitive du baptistère et au niveau de circulation d’origine. A partir de ce niveau, on peut en déduire une hauteur du bassin de la piscine baptismale à l’origine de 1,10 mètre.

Hypothèse de restitution du baptistère de chez Pérot © Jean-Louis Hillairet

La présence de ces éléments symboliques qu’il rassemble (graffitis, cathèdre, piscine) et de l’eau pure qui s’écoule à l’intérieur du bâtiment, indiquent qu’il s’agit bien d’un baptistère paléochrétien pouvant dater de la fin du IIIe siècle. Il serait alors l’un des plus anciens connus à ce jour, rejoignant celui de Doura Europos en Syrie daté du milieu IIIe siècle.

Jean-Louis HILLAIRET & Romain CHARRIER

 

Le site du baptistère est accessible en 3D au lien suivant : https://skfb.ly/6UVRL .

Recommandation pour naviguer à l’intérieur des modèles 3D : clic gauche maintenu avec le bouton de la souris pour la rotation, clic droit maintenu pour les translations et la molette pour avancer et reculer. Avec une tablette ou un smartphone, un doigt pour faire tourner, deux doigts fixes pour les translations et deux doigts écartés/rapprochés pour reculer ou avancer. Les annotations en bas de la fenêtre et les pastilles placées sur le modèle 3D vous permettent de suivre un cheminement défini et d’obtenir des commentaires supplémentaires, pour cela il suffit de cliquer sur les flèches ou directement sur les pastilles. Le descriptif du monument ou de l’opération archéologique est placé en dessous du modèle 3D.