Topo aux aqueducs antiques de Saintes.

 

Le relevé photogrammétrique d’une portion de la galerie de l’aqueduc réalisé en 2021, se poursuit cette semaine avec trois étudiants en BTS topographie du lycée de Sillac à Angoulême.

L’encadrement est assuré par l’archéo-topographe Vincent Miailhe et l’archéologue Jean-Louis Hillairet pour sa connaissance de l’aqueduc.

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Plusieurs enseignants et chercheurs seront également présents toute la semaine, ainsi que trois représentants de la société LEICA afin de  tester un nouveau laser pour scanner la galerie.

L’organisation logistique de ce programme de numérisation de l’aqueduc est assuré par la SahCM.

Les premiers résultats seront présentés par Vincent Miailhe lors de sa conférence :

                                               <Vendredi à 18h30 lors de la conférence de Vincent Miailhe

                                                Salle Saintonge à Saintes 

                                                Entrée libre.

 

 

 

 

 

 

 

Site archéologique : Le baptistère paléochrétien du Douhet

Écrit par Romain CHARRIER et Jean-Louis HILLAIRET

Un baptistère paléochrétien se dévoile dans un lavoir

Le baptistère est accessible en 3D sur le lien suivant : https://skfb.ly/6UVRL.  Pour visualiser le modèle 3D : clic gauche maintenu avec le bouton de la souris pour la rotation, clic droit maintenu pour les translations et la molette pour avancer et reculer – Pour les tablettes et smartphones, un doigt pour faire tourner, deux doigts fixes pour les translations et doigts écartés/rapprochés pour zoomer

A 160 m de la Grand-Font, sur la commune de Le Douhet (Charente-Maritime), se trouve un lieu énigmatique. Une excavation taillée dans le rocher calcaire dessine un bâtiment de plan rectangulaire, accolé à l’aqueduc antique qui alimentait Saintes. Ce lieu dévoile de nombreux graffitis paléochrétiens tels qu’un chrisme entouré d’un alpha et d’un oméga, plusieurs poissons, symbole des premiers chrétiens, une croix également entourée d’un alpha et d’un oméga, une croix sur socle et diverses autres inscriptions. A cela s’ajoute une cathèdre monolithique également marquée sur son repose pied d’une croix et d’un M gravé rappelant peut-être l’initiale de Saint-Martial, évêque de Limoges au IIIe siècle de notre ère, dont l’église du Douhet lui est consacrée.

Le baptistère avec ses poissons paléochrétiens, sa cathèdre, sa piscine réutilisée en lavoir et le captage dans l’aqueduc antique

La piscine baptismale a été recalibrée au XIXe siècle pour aménager le bassin du lavoir. La salle du captage de l’eau dans l’aqueduc est au sud (derrière le cathèdre). Le lavoir est alimenté par une canalisation prenant l’eau de l’aqueduc au fond du conduit antique. Une seconde canalisation située 30cm plus haut, correspondait à l’alimentation primitive du baptistère et au niveau de circulation d’origine. A partir de ce niveau, on peut en déduire une hauteur du bassin de la piscine baptismale à l’origine de 1,10 mètre.

Hypothèse de restitution du baptistère de chez Pérot © Jean-Louis Hillairet

La présence de ces éléments symboliques qu’il rassemble (graffitis, cathèdre, piscine) et de l’eau pure qui s’écoule à l’intérieur du bâtiment, indiquent qu’il s’agit bien d’un baptistère paléochrétien pouvant dater de la fin du IIIe siècle. Il serait alors l’un des plus anciens connus à ce jour, rejoignant celui de Doura Europos en Syrie daté du milieu IIIe siècle.

Jean-Louis HILLAIRET & Romain CHARRIER

 

Le site du baptistère est accessible en 3D au lien suivant : https://skfb.ly/6UVRL .

Recommandation pour naviguer à l’intérieur des modèles 3D : clic gauche maintenu avec le bouton de la souris pour la rotation, clic droit maintenu pour les translations et la molette pour avancer et reculer. Avec une tablette ou un smartphone, un doigt pour faire tourner, deux doigts fixes pour les translations et deux doigts écartés/rapprochés pour reculer ou avancer. Les annotations en bas de la fenêtre et les pastilles placées sur le modèle 3D vous permettent de suivre un cheminement défini et d’obtenir des commentaires supplémentaires, pour cela il suffit de cliquer sur les flèches ou directement sur les pastilles. Le descriptif du monument ou de l’opération archéologique est placé en dessous du modèle 3D.

Site archéologique : La source de la ″Grand-Font″

Écrit par Jean-Louis Hillairet

La source de la « Grand-Font ».

GrandFontLe site est accessible en 3D au lien suivant : https://skfb.ly/6zFoL. Pour visualiser le modèle 3D : clic gauche maintenu avec le bouton de la souris pour la rotation, clic droit maintenu pour les translations et la molette pour avancer et reculer – Pour les tablettes et smartphones, un doigt pour faire tourner, deux doigts fixes pour les translations et doigts écartés/rapprochés pour zoomer.

La source de la Grand-Font, située sur la commune de Le Douhet, date de la construction du deuxième aqueduc qui a alimenté en eau vive la ville Saintes, au milieu du premier siècle de notre ère.

Fig.5

Plan de la source « sanctuaire » de la Grand-Font – DAO V. Miailhe

L’entrée et l’escalier

Les installations antiques comprennent tout d’abord une plate-forme d’entrée, recouverte à son origine par des dalles calcaires et protégée par une toiture. À partir de cette plate-forme d’entrée, se développe un escalier monumental, creusé dans le substrat calcaire et descendant vers l’aqueduc. Celui-ci est fermé par un mur qui comporte une porte. Les marches ont également reçu un dallage calcaire. Cet escalier est bordé par des murs latéraux avec un parement interne et externe de moellons parfaitement calibrés, jointés au fer. Sur le côté extérieur des murs, se trouvait un caniveau. Celui-ci recueillait les eaux de la toiture, montrant ainsi que l’escalier devait être également couvert, sans doute dans le prolongement de celle de la plate-forme.

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Escalier monumental descendant aux aménagements de la source

Le bassin de décantation (1)

À l’arrière de la porte, en bas de l’escalier, se trouve un bassin quadrangulaire de décantation réalisé en béton antique. Il correspond à un carrefour horizontal et vertical, lien entre les galeries naturelles retaillées, pour mettre en place le conduit de l’aqueduc et les aménagements antiques. Au-dessus du bassin, les parois, nord et ouest, ont été laissées brutes de taille, alors que les parois, sud et est, ont fait l’objet d’un habillage en petit appareil de moellons, qui vient recouvrir les failles de la paroi rocheuse, ce qui dénote selon nous une recherche d’esthétisme avérée. Ce bassin a subi des modifications au cours des siècles.

Au XVIIIe siècle, le châtelain de Le Douhet, a commandité la remise en service de l’aqueduc antique, en réalisant, un conduit reliant les galeries amont et aval, alors qu’elles n’étaient pas liées dans l’Antiquité. En-dessous, apparaît un aménagement de pierres sèches, formant un angle de murs qui reprend les parties disparues du bassin antique.Ces éléments forment ainsi un nouveau bassin d’époque médiévale. Ces murs reposent sur un niveau de bois taillés et assemblés, posés à l’horizontale datable du haut moyen-âge.

La salle supérieure (2)

Surplombant le bassin de décantation, une salle de forme trapézoïdale a été réalisée autour d’un puits de section carré. Celui-ci est ceinturé sur trois côtés par des murets, eux-mêmes bordés par des caniveaux réalisés en pierres calcaires. Sur ces mêmes côtés, se trouvent des trottoirs en béton, de largeurs distinctes, dont la surface lissée est en pente en direction des caniveaux. Le côté non muni de rigole, se situe au-dessus du linteau de la porte de l’escalier et correspond au mur de séparation entre le bassin de décantation et l’escalier. Il a une largeur de 50 cm avec un parement externe et interne de moellons, ce qui indique qu’il était visible de l’extérieur. Les caniveaux traversent ce même mur, pour se prolonger vers la plate-forme d’entrée longeant l’escalier par l’extérieur. Cette salle disposait d’une toiture couvrant le bassin de décantation et protégeant ainsi la source des eaux souillées. En revanche, les trottoirs n’étaient pas couverts.

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Salle supérieure

Le tunnel de départ vers Saintes (3)

Partant du bassin de décantation, à gauche de l’escalier, se trouve la galerie aval qui se dirige vers le château de Le Douhet et vers Saintes. Elle correspond pour la partie inférieure à la rivière souterraine et sa partie supérieure présente un creusement formant une voûte. Dans ce tunnel, le conduit antique de l’aqueduc est réalisé par des blocs monolithes taillés en forme de U mis bout à bout. Au-delà de cette section qui représente 70 m de longueur, un blocage de pierre de taille, réduit l’accès au passage de l’eau.

Le tunnel d’accès à la source

En amont du bassin de décantation la galerie, longue de 18,5 m, menant au captage de la source se situe quasiment dans l’axe de l’escalier. Sa partie inférieure correspond au lit de la rivière souterraine. À mi-hauteur, les parois sont taillées verticalement jusqu’au plafond voûté. Dès l’entrée du tunnel, le long de la paroi ouest, il existe un cheminement latéral qui permet d’atteindre l’extrémité de la galerie souterraine. Le conduit antique est constitué de 13 blocs monolithes calcaires, taillés en forme de U et mis bout à bout. Sur la face supérieure et de chaque côté des blocs, des trous de louve ont été creusés en leur centre, pour permettre leur déplacement. À chaque extrémité de ces blocs, deux gorges sont placées face à face, de manière à recevoir un béton rose assurant l’étanchéité entre eux. À l’époque antique, l’ensemble du conduit est recouvert de dalles de couverture, permettant un cheminement vers la source sur la largeur globale de la galerie.

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Galerie et conduit reliant la source au bassin de décantation

Le captage d’une exsurgence (4)

À l’extrémité du conduit, le bassin antique de l’exsurgence, de forme quadrangulaire, est creusé dans le substrat rocheux. Sur la paroi nord de cet espace, une niche est creusée avec soin dans le rocher sur 50 cm de profondeur. La partie supérieure a été taillée en plein cintre. On peut vraisemblablement voir ici, un emplacement pour abriter la représentation du dieu local, posée sur un socle.

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Captage de la source de la Grand-Font

Le puits

Au-dessus et à l’aplomb du bassin de la résurgence, un puits taillé dans le substrat permet de rejoindre la surface terrestre. À l’extérieur, le puits est ceinturé par quatre murs qui ont dû supporter une toiture. À la base des murs nord et sud, trois emplacements de poutrage sont visibles.

Dans la partie inférieure du puits, on observe sur les parois et de façon opposées, deux séries d’encoches, non contemporaines. Ces encoches correspondent à l’emplacement de poutres (5). La première série présente quatre creusements ayant reçu deux poutres, qui laissent entre elles un passage central. La deuxième série, plus récente, compte six encoches pouvant recevoir trois poutres, ce qui laisse entre elles deux passages. Nous pouvons associer à ces dernières, les mêmes négatifs de poutrage que nous observons dans la partie supérieure du puits et parfaitement positionné à l’aplomb de celles de la partie inférieure. L’hypothèse qui nous vient à l’esprit pour expliquer une telle installation est la présence d’une chaîne à godets.

Fig.7

Hypothèse de restitution du puits et de la chaîne à godets – DAO Jean-Louis Hillairet

La remontée d’eau à la surface avait pour but sa distribution, on peut penser que celle-ci avait également un pouvoir sacré pour les Anciens. Nous suggérons un système de roue à godets, bien connu à l’époque antique et relaté par Vitruve. Concernant la réception de l’eau en surface, on peut émettre l’hypothèse de la présence d’un ou de plusieurs bassins monolithes de stockage (auge), posés à même le sol, aujourd’hui disparus.

 

Jean-Louis Hillairet, archéologue

Le site est accessible en 3D au lien suivant : https://skfb.ly/6zFoL.

Recommandation pour naviguer à l’intérieur des modèles 3D : clic gauche maintenu avec le bouton de la souris pour la rotation, clic droit maintenu pour les translations et la molette pour avancer et reculer. Avec une tablette ou un smartphone, un doigt pour faire tourner, deux doigts fixes pour les translations et deux doigts écartés/rapprochés pour reculer ou avancer. Les annotations en bas de la fenêtre et les pastilles placées sur le modèle 3D vous permettent de suivre un cheminement défini et d’obtenir des commentaires supplémentaires, pour cela il suffit de cliquer sur les flèches ou directement sur les pastilles. Le descriptif du monument ou de l’opération archéologique est placé en dessous du modèle 3D.

 

Restitution de la source « sanctuaire » de la Grand-Font de Le Douhet par Bruno Guighou, selon l’hypothèse de Jean-Louis Hillairet 

Site archéologique : La source de la Font-Morillon

Écrit par Vincent Miailhe

Un premier aqueduc, une première source : La Font-Morillon.

Illustration_00La source est accessible en 3D sur le lien suivant : https://skfb.ly/6xVLC. Pour visualiser le modèle 3D : clic gauche maintenu avec le bouton de la souris pour la rotation, clic droit maintenu pour les translations et la molette pour avancer et reculer – Pour les tablettes et smartphones, un doigt pour faire tourner, deux doigts fixes pour les translations et doigts écartés/rapprochés pour zoomer

Depuis le milieu du XVIe siècle, l’aqueduc antique de Mediolanum a suscité la curiosité de nombreux érudits ; les précurseurs mentionnent l’existence d’un tel ouvrage par la présence de vestiges sillonnant les communes du Douhet, de Fontcouverte et de Vénérand tels que des puits, des galeries souterraines, des arches de pont.

En 1714, Claude Masse fut le premier à dresser des plans de certains de ces ouvrages tels que les ponts des Arcs et de Haumont, à établir une analyse et à proposer une description du monument. Ses successeurs enrichissent nos connaissances, alors que C. Masse ne voit qu’une seule source, celle du Douhet à La Grand-Font, François de La Sauvagère, en 1770, dans son recueil d’antiquités dans les Gaules, inclue la source de Vénérand sans pour autant en préciser le tracé.

Illustration_1Plan de C. Masse (1714), le pont des Arcs (golf de Fontcouverte) et la restitution du pont de Haumont

L’analyse de François-Marie Bourignon marque un tournant dans l’étude topographique du tracé de l’aqueduc. Il publie de nombreuses observations sur le monument antique et identifie une nouvelle source à l’ouest de la Grand-Font, sur la commune d’Écoyeux, au lieu-dit Fond Giraud. Il rejette, dans un premier temps, l’idée de la source de Vénérand émise par F. de La Sauvagère, mais ses recherches dans le vallon de la Tonne le conduisent à admettre son existence. Le tracé de l’aqueduc est encore flou et on note que l’existence d’une source à la Font-Morillon, sur la commune de Fontcouverte, n’est jamais mentionnée par les auteurs pas plus que l’existence de deux aqueducs construits successivement. Une première cartographie est ainsi proposée à la fin du XVIIIe siècle avec trois sources sur les communes d’Écoyeux, du Douhet et de Vénérand.

Le XIX° siècle n’apporte pas plus de renseignements au sujet de la source de la Font-Morillon mais remet en question la théorie de F.-M. Bourignon au sujet de la source de Fond Giraud à Ecoyeux ; des sondages sont même entrepris un peu avant la deuxième guerre mondiale à Fond Giraud dont les résultats confirment les hypothèses des érudits du XIXe siècle. Dans la première moitié du XXe siècle, les travaux de Marcel Clouet permettent de reconnaitre, sur la commune de Fontcouverte, la source de la Font-Morillon comme un captage alimentant l’aqueduc sans pour autant y voir la source primitive du monument interprétée comme telle par les frères Triou, au milieu du XXe siècle.

Les dernières recherches sur l’aqueduc de Saintes, initiées par la Société Archéologique et d’Histoire de la Charente-Maritime en 2003, ont permis de mieux cerner ce monument, vieux de plus de 2 000 ans, d’en définir une cartographie précise sur 75% de son parcours et d’obtenir son classement, en 2011, au titre des Monuments Historiques sur la totalité de son tracé. Ces travaux de recherches, répartis entre plusieurs équipes pluridisciplinaires – étude d’archives et équipe de terrain – ont duré treize années. En 2012, une opération archéologique a été engagée, sous la direction de Jean-Louis Hillairet, pour mieux comprendre la source de la Font-Morillon, genèse du premier aqueduc de Mediolanum. C’est lors de cette campagne de fouille qu’un relevé photogrammétrique a été réalisé par Vincent Miailhe. Ce relevé est accessible grâce au lien suivant https://skfb.ly/6xVLC et il vous permettra de visualiser en 3D le monument (rappel : clic gauche maintenu avec le bouton de la souris pour la rotation, clic droit maintenu pour les translations et la molette pour avancer et reculer).

FontMorillon_Fig Plan de la source de la Font-Morillon

Une source devait exister à l’époque romaine mais un aménagement fut nécessaire pour capter la nappe souterraine. Le bassin de captage est une excavation quadrangulaire de 4,5 m de côté et profonde de 5 à 6 m, taillée dans le substrat calcaire coniacien, comprenant sur sa face nord, une abside en cul de four (1) de 1,65 m de rayon d’où surgit la résurgence. Quelques traces d’enduit mural de couleur rouge subsistent sur les parois de l’excavation. L’accès à ce bassin se fait par l’ouest à l’aide d’un escalier droit composé d’une dizaine de marches (2) dont l’emmarchement varie de 1,7 m à 2 m au pied du bassin avec un giron de 0,45 m et une hauteur de marche de 0,33 m. En descendant l’escalier vers le bassin, de part et d’autre, deux niches rectangulaires (3) taillées dans le rocher se font face mais leur fonction reste difficilement interprétable.

Cet ensemble était bien entendu couvert par une toiture, supportée par une charpente, comme en témoigne la quantité importante de tegulae et d’imbrices découvertes ainsi que des négatifs de poteau mis au jour lors de la campagne de fouille.

Illustration_3 Restitution d’après J.-L. Hillairet

L’eau s’écoule par un canal (4), de 0,65 m de large, greffé sur la paroi ouest du bassin au nord de l’escalier. Taillé dans le rocher, le du conduit correspond parfaitement aux techniques de construction du premier aqueduc de la fin du Ier siècle av. J.-C. : deux piédroits maçonnés en moellons liés par un mortier reposant sur un sol de béton de tuileau et l’ensemble recouvert par un enduit hydraulique pour assurer l’étanchéité du specus. La couverture du specus est une voûte en plein cintre dont les claveaux sont des pierres plates ; un type de couverture qui diffère de ce que l’on rencontre sur le tracé de l’aqueduc.

Le mobilier archéologique antique récolté lors de la campagne de fouille de 2012 est composé, en grande partie, d’éléments de construction tels que des tuiles. Cependant, des fragments de poterie ont été trouvés dans les niveaux anciens et, fait surprenant, un lot de verreries de belle facture. Pourquoi de tels objets ici, s’agit-il de dépôts votifs dans un contexte sacré ? Les investigations n’ayant pu être poussées plus loin en raison de problèmes techniques liés aux remontées des eaux, des recherches supplémentaires seraient à engager pour mieux connaître ce site.

Rapport de sondage archéologique Coupe côtelée en verre, milieu du Ier siècle de notre ère

La Font-Morillon simple source d’eau vive ou nymphée ? Le site est-il plus qu’un lieu de captage pour alimenter en eau une ville ; nullum fons enim non est sacer, « il n’y a aucune source qui ne soit divine » affirmait Servius. Dans l’Antiquité, les sources fondaient la vie et elles étaient des espaces de sacralité, donnant naissance à des sanctuaires. Ainsi l’hypothèse d’un nymphée à la Font-Morillon est plausible, d’autant que cette source est celle du premier aqueduc de Mediolanum, capitale de la grande province Aquitania !

Vincent Miailhe, archéo-topographe

Le site de la Font-Morillon est accessible en 3D au lien suivant : https://skfb.ly/6xVLC.

Recommandation pour naviguer à l’intérieur des modèles 3D : clic gauche maintenu avec le bouton de la souris pour la rotation, clic droit maintenu pour les translations et la molette pour avancer et reculer. Avec une tablette ou un smartphone, un doigt pour faire tourner, deux doigts fixes pour les translations et deux doigts écartés/rapprochés pour reculer ou avancer. Les annotations en bas de la fenêtre et les pastilles placées sur le modèle 3D vous permettent de suivre un cheminement défini et d’obtenir des commentaires supplémentaires, pour cela il suffit de cliquer sur les flèches ou directement sur les pastilles. Le descriptif du monument ou de l’opération archéologique est placé en dessous du modèle 3D.

Monument antique : L’arc romain de Saintes

Écrit par Christian Vernou

L’ARC ROMAIN DE SAINTES A 2000 ANS.

Vignette

Le site est accessible en 3D au lien suivant : https://skfb.ly/6RHEr. Pour visualiser le modèle 3D : clic gauche maintenu avec le bouton de la souris pour la rotation, clic droit maintenu pour les translations et la molette pour avancer et reculer – Pour les tablettes et smartphones, un doigt pour faire tourner, deux doigts fixes pour les translations et doigts écartés/rapprochés pour zoomer.

L’arc romain que l’on observe avec curiosité le long du quai Bassompierre à Saintes a plus de 2000 ans. Il est la fierté des habitants de cette ville et fait la curiosité des touristes friands de vestiges anciens. En effet, bien peu d’arcs d’époque romaine sont venus jusqu’à nous. L’amateur pense immédiatement à ceux du Sud de la France (Orange ou Glanum, par exemple) mais il oublie souvent ce monument saintongeais qui porte en lui une histoire mouvementée que nous allons vous conter.

ArcGermanicus

Fig. 1 Relevé topographique de l’arc de Germanicus issu d’une photogrammétrie, par V. Miailhe (SahCM)

L’arc et le pont : une histoire commune

On ne sait pas bien comment l’arc était positionné à l’origine. Grâce aux gravures anciennes, on imagine qu’il était ancré sur une des piles du pont romain franchissant le fleuve Charente (Carantonus). A priori, il se situait à l’entrée du pont, sur un massif qui prenait appui sur le talus de la rive droite (à l’est). Cette donnée est hypothétique car à l’époque moderne, l’ouvrage d’art a été modifié. Le fleuve ayant déplacé son lit du côté de la rive droite, il fut nécessaire de construire trois arches supplémentaires en direction du faubourg des Dames. Depuis lors, l’arc est apparu comme « au milieu du pont », souvent figuré comme tel dans l’iconographie d’époque moderne (fig. 2).

fig. 2 Fig. 2 Vue cavalière de Saintes en 1560, par Georges Braun

Retenons que le monument était en belle place à l’origine, comme pour servir d’entrée majestueuse à la ville, l’urbs, qui se situait sur l’autre rive. Mediolanum était la capitale de la province d’Aquitaine et son commanditaire, Caius Julius Rufus, avait tenu à l’édifier sur l’axe principal qui marquait la ville antique. Celui-ci correspondait à l’arrivée de la grande voie est-ouest venant de Lugdunum-Lyon et menant à l’Océan Atlantique. C’était une des voies majeures aménagées sous l’empereur Auguste et qui distribuaient le territoire de la Gaule : les voies dites d’Agrippa (Strabon, Géographie, IV, 6, 11). Sur la rive gauche, une fois le pont franchi, on trouvait le decumanus maximus (la rue Victor Hugo), la voie principale d’orientation est-ouest.

Le choix de l’emplacement n’était donc pas innocent, cet axe de communication était essentiel au commerce et aux transports terrestres provenant de l’est et du nord, pour accéder aux territoires atlantiques ou du bordelais. N’oublions pas que jusqu’au Moyen Age, le pont de Saintes était le seul ouvrage d’art franchissant le fleuve, bâti en pierre. Cavaliers, marchands et voyageurs, rouliers et bouviers pouvaient lever la tête et penser ainsi à son généreux donateur.

Un arc érigé en l’honneur de l’empereur Tibère

Le monument est un arc romain à deux baies. Ce type est moins commun que les arcs à une seule arche ; on en connaît toutefois six dans le monde romain, dont cinq sont des arcs routiers. Cette disposition à l’entrée du pont marquait ainsi les deux sens de circulation. C’est un schéma que l’on retrouve pour certaines portes de villes gallo-romaines, comme à Autun (71) ou à Langres (52).

Le monument ne doit pas être confondu avec les arcs de triomphe ; il n’a jamais célébré le triomphe d’un général victorieux et aucun empereur n’est passé sous ses arches. Les arcs de triomphe sont d’ordinaire à une seule baie, ou bien, comprennent une grande arche épaulée par deux baies latérales ; rien de tel à Saintes.

Par son geste généreux, Rufus, issu d’une illustre famille noble santonne, a voulu célébrer la grandeur de l’empereur Tibère ; celui qui protège l’empire et lui assure sa prospérité. On parle alors d’acte d’évergétisme. L’inscription de la dédicace (1) associe deux princes impériaux : Drusus (le jeune), fils de Tibère et Germanicus, neveu de l’empereur. Sur la face donnant sur le fleuve, on distingue, en haut à gauche du monument, les lettres suivantes : GERMANICOGermanicus). C’est pourquoi à Saintes on parle de « l’arc de Germanicus ». Il est vraisemblable que des statues figurant ces princes s’élevaient au-dessus de l’arc romain.

On peut dater l’arc de Saintes grâce aux inscriptions. Sur la ligne inférieure mentionnant les titres de Germanicus, on note : flam(ini) August(ali), co(n)s(uli) II, imp(erator) II. Germanicus était donc prêtre du culte impérial et de plus, portait son second titre d’imperator (général victorieux), attribué depuis l’année 15. Mieux encore, sa titulature reconnaît son titre de consul pour la deuxième fois lors de l’érection du monument. C’est donc entre janvier 18 de notre ère et le 10 octobre 19, date de son décès à Antioche, que l’on doit dater l’érection de ce monument insigne.

Les malheurs de l’arc romain au cours des temps

Pour beaucoup d’entre nous, cet arc témoigne de l’antique passé de la ville et l’on se félicite qu’il ait ainsi pu traverser les siècles. En réalité, sa position actuelle est le résultat d’un âpre combat qu’il a fallu mener pour sa sauvegarde. En plus de l’agrandissement du pont du côté de la rive droite, d’importantes modifications ont eu lieu au Moyen Age : adjonction de moulins bâtis sur le flanc amont du pont, construction de merlons au-dessus de l’attique de l’arc, l’engageant ainsi à la défense de la ville. En effet, le fleuve a souvent servi de frontière naturelle au cours des conflits qui ont ensanglanté la région au cours des temps. On doit à l’architecte F. Blondel, la consolidation du pont devenue indispensable, notamment les piles qui supportaient l’arc.

Les infrastructures de l’ouvrage d’art devenaient toutefois instables, au début du XIXe siècle alors que le trafic routier augmentait. Par ailleurs, la circulation des gabarres, ces grands bateaux à fond plat qui véhiculaient les vins, puis les eaux de vie, devenait périlleuse sous les arches du pont. Après de nombreux revirements, il fut décidé vers 1840 de détruire le vieux pont et d’en construire un nouveau dit « en fil de fer », un peu plus en aval (ancêtre du pont actuel).

fig. 4Fig. 3 Localisation du sondage archéologique de 2004 sur le plan de C. Masse, topographie de V. Miailhe

L’arc est alors entièrement démonté à partir de 1843 ; ses blocs marqués pour en faciliter le remontage gisaient sur la berge de la rive droite. Victor Hugo, de passage à Saintes à la fin août de cette année, s’est offusqué de cette «opération barbare et dérisoire ». Grâce à l’opiniâtreté des érudits locaux et principalement à la Société d’Archéologie et d’Histoire de la Charente-Maritime, la situation a évolué favorablement. L’inspecteur des Monuments Historiques, Prosper Mérimée, s’est engagé résolument en faveur de la sauvegarde du monument. Il finit par obtenir qu’on le remonte sur le nouveau quai de la rive droite, soit à 28 m plus à l’est et suivant une orientation légèrement décalée par rapport à son axe d’origine, transformation observée lors d’un diagnostic archéologique dirigé par J.-Ph. Baigl (Inrap), en 2004 (fig. 3). L’arc était très mutilé et incomplet, aussi les restaurateurs dirigés par les architectes V. Fontorbe et J.-J. Clerget, ont dû utiliser de nombreux blocs neufs ; opération radicale, achevée en 1851 mais qui a sauvé le monument et nous permet de l‘admirer à nouveau.

Christian VERNOU, UMR 6298, ARTEHIS.

L’arc est accessible en 3D au lien suivant : https://skfb.ly/6RHEr.

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Monument médiéval : Saint-Eutrope

Écrit par Vincent Miailhe

L’église Saint-Eutrope.

SaintEutropeLe site est accessible en 3D au lien suivant : https://skfb.ly/6zSuU. Pour visualiser le modèle 3D : clic gauche maintenu avec le bouton de la souris pour la rotation, clic droit maintenu pour les translations et la molette pour avancer et reculer – Pour les tablettes et smartphones, un doigt pour faire tourner, deux doigts fixes pour les translations et doigts écartés/rapprochés pour zoomer.

Dans le cadre du projet de réhabilitation et de mise en valeur de l’église Saint-Eutrope, la ville de Saintes a fait une demande de diagnostic archéologique, en vue de l’étude sanitaire du monument dirigée par Christophe Amiot (ACMH) et le cabinet d’architectes SUNMETRON.

L’intervention archéologique, sous la direction d’Adrien Montigny (INRAP), s’est déroulée du 14 mai au 1 juin 2018. L’équipe était constituée de cinq archéologues, dont trois membres du Programme Collectif de Recherche sur Saint-Eutrope dirigé depuis 2016 par Christian Gensbeitel (Vincent Miailhe, Adrien Montigny et Jean-Paul Nibodeau).

Joyau de l’art roman en Saintonge, c’est au XIIe s. que l’église est achevée par les Clunisiens. Au XVe s. une chapelle gothique se greffe sur le chevet roman et le bras nord du transept est reconstruit pour supporter le clocher flamboyant. La nef est démolie en 1803 en raison de son état de délabrement. Une nouvelle façade de style néo-roman est érigée une trentaine d’année plus tard, cette construction englobe aussi le bras sud du transept supprimant le clocher roman de la croisée du transept. Aujourd’hui, de l’église, il ne reste que le chœur et le bras du transept. Cet ouvrage s’intègre dans un complexe abbatial, dont l’origine remonte au VIe siècle, dédié à la mémoire d’Eutrope premier évêque de Saintes.

L’emprise du diagnostic se positionne à l’emplacement de la nef de l’église à trois vaisseaux, se situant sous le parking actuel, aux abords nord du chevet et dans la crypte. Dix neuf sondages ont été ouverts dans ces trois secteurs, neuf ont été relevés par photogrammétrie et ils sont présentés dans le modèle 3D https://skfb.ly/6RRDV afin de permettre au lecteur une meilleure compréhension de la stratigraphie du site.

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Plan des sondage réalisés par l’Inrap en mai/juin 2018 – DAO Vincent Miailhe

Le premier constat est l’excellent état de conservation des vestiges mis au jour lors de notre intervention. Le second est la densité de ces vestiges ne permettant pas toujours d’atteindre le substrat rocheux et de ce fait, d’observer dans son intégralité la séquence stratigraphique du site. Ces vestiges correspondent essentiellement à des structures funéraires et des maçonneries s’échelonnant de l’Antiquité tardive au XIXe siècle

Si la présence d’une nécropole du haut Moyen Age est connue par l’historiographie et les observations des années 80 lors de travaux de voirie, ce diagnostic a bien confirmé sa présence et il a permis de mieux en estimer l’étendue. La nécropole est présente sur toute la partie septentrionale du site (Tr. 2, 3 et 15) et quelques éléments subsistent dans le vaisseau de l’église (Tr. 17). La plupart des sépultures antérieures à la construction de l’église romane sont des sarcophages monolithes avec leur couvercle et présentent une grande organisation dans leur alignement comme on peut l’observer à l’extrémité nord de la tranchée 3, aucune de ces sépultures n’a été fouillée. L’architecture funéraire change après le haut Moyen Age, le sarcophage monolithe laisse sa place à la sépulture en coffre, pleine terre ou bien cercueil en bois, élément qu’on observe à l’intérieur de la crypte. L’occupation funéraire semble se poursuivre jusqu’au XVIIIe s. sans hiatus.

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Ortophoto de la demi-colonne engagée de la nef sur le mur gouttereau sur de la nef (tranchée 18)

Le parvis actuel a bien entendu livré des vestiges de nef disparue au début du XIXe. Les murs gouttereaux des collatéraux nord (Tr. 14, 15 et 16) et sud (Tr. 17 et 18) ont pu être observés dans ces sondages et ils permettent de dresser un plan de l’édifice roman. Certains de ces vestiges étaient connus par d’anciennes interventions. C’est le cas du plan de l’église relevé en 1716 par Claude Masse, puis, en 1880, par l‘abbé Ludovic Julien-Laferrière, la mise au jour du mur gouttereau sud avec l’appui d’un cliché photographique. Les sondages sur l’actuel parvis ont permis d’affiner le plan et, élément qui ne figure pas sur le plan de 1716, d’apporter des informations d’ordre altimétrique. En effet, la particularité de cet édifice réside dans l’organisation de ses espaces de circulation entre le chœur, la nef et la crypte qui sont à des niveaux différents, la nef étant sur un plan intermédiaire. Outre les éléments liés à l’église romane et au contexte funéraire, des maçonneries ont été mises au jour dans la tranchée 17 ; elles sont antérieures à la construction du XIIe s. mais restent dans une fourchette chronologique large comprise entre l’antiquité tardive et le haut Moyen Age.

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Détail de l’église Saint-Eutrope sur un plan de Claude Masse de 1716

La crypte, ce remarquable édifice de la fin du XIe s. est divisé en trois vaisseaux et un déambulatoire qui s’ouvre sur trois chapelles. Elle est dotée aussi d’un vaste transept dont l’accès se fait maintenant par le bras nord de ce dernier en raison de la destruction de la nef centrale. Un programme de remise en service de son entrée d’origine avait été lancé au cours du milieu du XIXe s. mais est resté inachevé. Cet espace, l’avant crypte, est une pièce non accessible au public pour des raisons de sécurité, situé sous le parking, donc dans la nef centrale. Trois sondages (Tr. 10 à 12) ont été implantés afin d’apporter des informations relatives à la circulation entre la nef et la crypte. Si la densité des vestiges nous a compliqué la tâche lors de ces trois semaines d’étude, ça n’a pas été le cas à l’intérieur de la crypte où le substrat apparait à moins de 20 cm du sol actuel (Tr. 9). Néanmoins quelques structures fossoyées subsistent dont certaines sont attribuées à des sépultures et d’autres en relation avec la construction de la crypte. Quant aux sondages de l’avant crypte, ils permettent de confirmer que l’accès à la crypte se faisait par la nef centrale en empruntant une rampe entaillée dans le rocher (Tr .10)

On note la présence d’une imposante maçonnerie dans la tranchée 3 pouvant être associée à l’édifice circulaire figuré sur le plan de 1716. Un sondage complémentaire a été réalisé par Jean-Luc Piat dans le cadre du PCR (cf. https://www.sahcm.fr/activites/archeologie/recherches/decouverte-dune-chapelle-funeraire-a-st-eutrope-de-saintes).

Ce diagnostic apporte de nombreuses informations mais aussi de nouveaux questionnements à la fois sur le monument et sur l’occupation du site au sens large. Les réponses ne se trouvent pas dans cette opération de diagnostic, des études plus approfondies seront sans doute nécessaires pour mieux connaître l’histoire du site de Saint-Eutrope.

Vincent Miailhe, archéo-topographe

Pour visualiser le modèle 3D de la façade romane : https://skfb.ly/6zSuU et des sondages archéologiques: https://skfb.ly/6RRDV.

Recommandation pour naviguer à l’intérieur des modèles 3D : clic gauche maintenu avec le bouton de la souris pour la rotation, clic droit maintenu pour les translations et la molette pour avancer et reculer. Avec une tablette ou un smartphone, un doigt pour faire tourner, deux doigts fixes pour les translations et deux doigts écartés/rapprochés pour reculer ou avancer. Les annotations en bas de la fenêtre et les pastilles placées sur le modèle 3D vous permettent de suivre un cheminement défini et d’obtenir des commentaires supplémentaires, pour cela il suffit de cliquer sur les flèches ou directement sur les pastilles. Le descriptif du monument ou de l’opération archéologique est placé en dessous du modèle 3D.

Site archéologique : Les thermes de Saint-Saloine

Écrit par Daniel Dinand

Les bains dans les thermes de Saint-Saloine.

Photogrammétrie thermes v2Le site est accessible en 3D au lien suivant : https://skfb.ly/6QXpn. Pour visualiser le modèle 3D : clic gauche maintenu avec le bouton de la souris pour la rotation, clic droit maintenu pour les translations et la molette pour avancer et reculer – Pour les tablettes et smartphones, un doigt pour faire tourner, deux doigts fixes pour les translations et doigts écartés/rapprochés pour zoomer.

Le complexe thermal de Saint-Saloine date environ du milieu du Ier siècle de notre ère et il est probablement contemporain du deuxième aqueduc de Mediolanum. Ses ruines ne nous sont connues que très partiellement, seul le caldarium est visible dans sa totalité. De ce fait, la restitution des autres salles et aires d’activités reste hypothétique. Elle s’appuie sur les résultats des recherches menées sur le site depuis le XIXe siècle et sur la comparaison des vestiges avec ceux d’autres thermes situés dans le monde romain.

Le nom de Saint-Saloine provient d’une petite église, aujourd’hui disparue, construite sur les ruines des thermes. Pour accéder au complexe thermal, on devait emprunter le cardo maximus (1), grande voie cardinale se développant dans une direction sud-nord. En arrivant par le sud, les thermes étaient accessibles après le franchissement d’un probable pont qui enjambait la ravine de Saint-Saloine. Ce lieu a été répertorié à l’époque moderne sous le vocable de « Pont des Romains ».

C. Masse Fig 5 Thermes Saint-Saloine

Représentation de l’église de Saint-Saloine par C. Masse en 1714

Cette rue (cardo maximus) a été bordée par des constructions abritant des échoppes où l’on pouvait se désaltérer, se restaurer, commercer ou profiter des plaisirs de la vie. Le promeneur circulait sur un trottoir abrité par une galerie le protégeant du soleil et des intempéries.

L’un des accès probables aux thermes se faisait par le cardo, à côté d’un bassin lié peut-être à une fontaine dont il ne reste qu’un bassin et un soubassement. Passée la fontaine supposée, on devait accéder aux thermes par la galerie de la palestre (le terrain de sport). Nous pouvons supposer qu’il existait plusieurs de ces accès répartis sur les trois côtés de la palestre.

Le parcours dans les bains

Une fois entrés dans l’enceinte des thermes, on pénétrait dans l’apodyterium (le vestiaire), une salle parfois richement décorée dans laquelle on se déshabillait, on s’enduisait d’huile et on revêtait une tenue appropriée aux différentes activités décrites ci-après. Cette salle dont la présence est connue dans les thermes romains n’est pas actuellement localisée dans ceux de Saint-Saloine. Avant de passer aux bains, on pouvait pratiquer une activité physique dans la palestre, jouer, déambuler dans la galerie bordant la palestre, nouer des contacts commerciaux ou politiques, etc.

thermesStSa bis_001Plan des vestiges des thermes de Saint-Saloine – Relevés et DAO Jean-Louis Hillairet

Après s’être dépensé dans la palestre, on se débarrassait de la poussière accumulée lors des exercices physiques avant d’entrer dans le circuit de la balnéation proprement dite. La première salle à chaleur sèche, le tepidarium à température moyenne, permettait de préparer le corps à supporter des températures plus élevées.

On entrait ensuite dans la salle chaude du laconicum (chaleur sèche) (2), où l’on se débarrasse de la sueur, de l’huile et des impuretés collées à la peau grâce au strigile, un grattoir courbe en fer, bronze ou en ivoire. Dans cette salle nous remarquons deux absides présentes sur le mur sud de la salle, qui pouvaient abriter des vasques ou labrum permettant des ablutions. Un foyer et trois passages d’air communiquant avec le caldarium permettaient de chauffer ce dernier.

Après l’hygiène corporelle, venait la détente. Le caldarium (3), du latin caldus (chaud), terminait le circuit chaud des bains. De forme rectangulaire, cette salle comporte probablement un bassin. Dans une atmosphère chaude et humide, on pouvait se baigner, s’asperger d’eau, s’asseoir ou s’étendre sur des banquettes.
Bâtie du côté sud des thermes, cette salle profitait largement de l’apport de la chaleur naturelle du soleil. Le système de chauffe utilisé était le chauffage par le sol ou hypocauste. Le plancher du caldarium était formé d’une chape de béton, la suspensura (plancher suspendu), reposant sur des piles (ou pilettes) en briques carrées ou rondes au-dessus d’un espace vide destiné à la circulation de l’air chaud. Ce système, complété par des tubes en terre cuite (tubuli) insérés dans les parois faisait remonter l’air chaud provenant de l’hypocauste, chauffant ainsi les murs. Ce sont les fouilles archéologiques et surtout la disposition caractéristique des lieux qui ont permis d’identifier cette salle. Certains auteurs estiment que la température pouvait atteindre 50 à 55°C. On sait que les Romains devaient chausser des sandales à semelle de bois pour circuler dans un caldarium sans se brûler la plante des pieds.

En examinant les parois des vestiges, nous remarquons la forte dissymétrie des aménagements. En effet le mur nord comporte quatre absides, dont deux petites à chaque extrémité du mur. Ces deux éléments sont doublés par deux absides d’un plus grand diamètre. Le mur sud quant à lui ne comporte à ses extrémités que deux absides. Cette disposition permet de supposer la présence d’une grande baie vitrée, à moins que ce ne soit deux grandes fenêtres, ouvertes dans ce mur sud apportant lumière et chaleur du soleil.

L’alimentation en air chaud du caldarium est située sur le mur ouest : le praefurnium est le foyer producteur de l’air chaud circulant dans l’hypocauste et les tubuli des murs. Une chaudière était présente dans un local contigu au foyer et servait à l’alimentation en eau chaude des bains. Dans un local attenant au mur est du caldarium, une salle contenant un foyer a été mise en évidence lors de fouilles réalisée au niveau de ce mur (zone actuellement occupée par le tombeau des époux Morand).

Dans la partie est du laconicum, on remarque un assemblage de constructions liées aux thermes. Une galerie, forme la limite nord d’une aire découverte dont nous ne connaissons pas l’usage. Cette galerie communique avec une salle dont la partie nord-ouest est occupée par un praefurnium destiné à chauffer ce qui était peut-être le laconicum. Les eaux de pluies s’écoulant du toit de la galerie étaient recueillies par un caniveau (4) toujours visible.

La façade du caldarium (5)

La façade sud des thermes est le vestige le plus imposant et le mieux conservé des thermes Saint-Saloine. Longue d’environ 23 mètres, elle est ornée de 5 absides avec une alternance de formes circulaires, dites en cul de four, puis rectangulaires, séparées par des pilastres.

Thermes Saint-Saloine

Le peu d’éléments restant ne permet pas de donner avec certitude une signification architecturale à ces constructions si ce n’est le rôle de conforter le mur sud de la poussée des remblais attenants (même disposition pour le podium du temple de Montelu à Chassenon, par exemple). On a émis l’hypothèse de l’existence d’une fontaine monumentale au pied de cette masse ajourée. Cependant de nombreux détails architecturaux (absence d’alimentation et d’écoulement des eaux, d’ancrages des murs d’un bassin dans les parements apparents) remettent en question cette hypothèse flatteuse.

La sortie des bains

Après le caldarium, détendus et propres, on repassait par le laconicum puis le tepidarium. On pouvait ainsi sortir des bains après être repassés dans le vestiaire. Mais si on le souhaitait, au sortir du tepidarium, on pouvait entrer dans le frigidarium, la salle froide, dans laquelle on pouvait s’immerger dans un bassin d’eau froide (ou piscina), dans le but de raffermir les muscles et la peau détendus par les bains chauds précédents. On repassait par l’apodyterium et sortait sous la galerie du cardo.

Les toilettes publiques

Très vraisemblablement situées au sud des thermes, elles réutilisaient les eaux circulant dans l’égout (6) drainant les thermes, de la palestre au frigidarium jusqu’à la limite sud des bains. Ce conduit récoltait également les eaux pluviales de la toiture de la galerie située à l’est du laconicum. D’une capacité de 37 personnes, elles sont situées non loin d’un imposant massif de maçonneries en forme d’abside (serait ce la base du pont?) que nous pouvons encore voir sous la végétation.

L’alimentation en eau

Les thermes étaient alimentés en eau par une conduite reliée au castellum (le château d’eau de l’époque) recevant et répartissant l’eau de l’aqueduc. Les plus récentes observations font supposer l’arriver de cette conduite au sud-ouest des thermes au niveau de la chaudière qui jouxte le praefurnium et chauffe le caldarium.

Le tombeau de la famille MORAND (7)

Après abandon, le site est devenu une nécropole, dont proviennent les sarcophages réutilisés des époux Morand. Construite en 1895 et surmontée par une statue représentant le Temps, cette sépulture s’appuie sur le mur est du caldarium. Elle renferme deux sarcophages contenant les dépouilles des époux Morand, anciens propriétaires des terrains sur lesquels sont édifiés les thermes.

Daniel DINAND

Le site des thermes est accessible en 3D au lien suivant : https://skfb.ly/6QXpn.

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Les thermes de Saint-Saloine à Saintes en 3D

Photogrammétrie thermes

A défaut de pouvoir aujourd’hui nous rendre sur le site  en raison du confinement, Vincent Miailhe, archéologue et topographe à l’Inrap et membre de la SahCM, nous propose une restitution du site en 3D sur le lien suivant :

https://skfb.ly/6QXpn

Naviguez dans la restitution 3D grâce à votre souris d’ordinateur : clic gauche maintenu avec le bouton de la souris pour la rotation, clic droit maintenu pour les translations et la molette pour avancer et reculer. Pour les tablettes et smartphones : un doigt pour faire tourner, deux doigts fixes pour les translations et doigts écarter/rapprocher pour reculer ou avancer